Éco-Business

Automobile: le secteur fait de la résistance face à la Covid-19

Les performances à l’exportation du secteur de l’automobile ont enregistré un recul de près de 40% du chiffre d’affaires sur la première moitié de l’année. Pourtant, l’effet de la contre-performance de l’industrie automobile sur les équilibres externes est à relativiser.

Si la foudre de la pandémie liée au coronavirus n’a épargné aucun secteur d’activité dans le monde, celui de l’industrie automobile a été le premier à ressentir les premières ondes de l’arrêt de l’activité, notamment en Chine. Très loin du centre du foyer pandémique qui s’est déplacé en Europe et aux États-Unis à une vitesse fulgurante, le Maroc n’a pas été épargné par ce contexte mouvementé: les performances à l’exportation dénotent d’un recul de près de 40% du chiffre d’affaires sur la première moitié de l’année, comme le souligne Abdelaziz Ait Ali, économiste senior résident au Policy Center for the New South. «Sans surprise, dans ce contexte morose, l’industrie automobile nationale s’est contractée, comme en témoignent les performances à l’exportation», explique le spécialiste qui rappelle que durant les 3 premiers mois de l’année, les exportations du secteur automobile ont reculé de près du quart par rapport à la même période de l’année 2019, «avant même que l’état d’urgence et le confinement soient décrétés dans le royaume».

Des dégâts estimés à 13,9 MMDH sur les 5 premiers mois de l’année
Ce qui va suivre sera encore plus douloureux puisqu’«au fil des mois, la situation a rapidement empiré». Dans le détail, le recul a concerné en particulier les produits finis, notamment ceux de l’assemblage, à hauteur de 36%, suivis par les semi-produits (26% pour le câblage et 13% pour les produits d’intérieur du véhicule et sièges. Toujours selon l’ancien cadre de Bank Al-Maghrib, qui y a occupé le poste d’économiste au Département des études et des relations internationales, également en charge du suivi et de l’analyse de l’Indice des prix des actifs immobiliers et d’autres prix d’actifs -y compris les marchés des actions- à fin mai, le recul est équivalent à 13,9 MMDH. «Si le secteur clôture l’exercice 2020 sur la même contre-performance, le manque à gagner pour le secteur automobile franchirait les 33 MMDH ou l’équivalent de 3% du PIB», ajoute le spécialiste dans une analyse de 10 pages. Cependant, nuance-t-il, derrière ce tableau sombre se cache un horizon d’optimisme. En réalité, la situation n’est pas aussi que terrible qu’elle en a l’air, nuance Abdelaziz Ait Ali, avant de relativiser l’effet de la contre-performance du secteur sur les équilibres externes. En d’autres termes, l’effet net de la contraction sur l’entrée des devises ne devrait pas être aussi important pour deux raisons principales.

L’espoir est toujours permis
«La première est relative au positionnement du Maroc en haut de la chaîne de production, faisant de lui un importateur de produits intermédiaires, surtout pour les activités d’assemblage; ainsi, tout ajustement à la baisse du chiffre d’affaires à l’exportation se traduirait par une réduction proportionnelle des intrants importés», renchérit le spécialiste pour qui les questions macroéconomiques constituent un champ d’intérêt. Quant à la deuxième raison, elle est liée à la prépondérance du capital étranger dans l’écosystème de l’industrie automobile, qui fait que l’atonie de l’activité à l’exportation ne manquera pas d’affecter la rentabilité des entreprises et, in fine, leur capacité à rapatrier leurs bénéfices, dira-t-on. Cependant, relativise encore l’analyste économiste qui se veut prudent, il est primordial d’élargir l’angle d’analyse des effets d’entraînement du secteur automobile et, par là même, des métiers mondiaux du Maroc au-delà de la notion de la valeur ajoutée domestique réalisée à l’exportation. À ce propos, le think tank marocain recommande de prendre en considération la dimension de l’actionnariat étranger pour l’analyse de la performance nette des secteurs à l’exportation. En 2019, la forte présence du capital étranger dans l’industrie automobile a représenté plus de 1,6% du PIB. Ainsi, conclut le laboratoire d’idées, l’effet net de la chute des exportations du secteur sur le compte courant est moindre, en raison du grand contenu en importations des exportations du secteur et du retour sur investissement rapatrié partiellement ou totalement.


Un secteur et des chiffres

Avec l’entrée en activité de l’usine Renault en 2012, le Maroc s’est imposé comme plateforme de l’industrie automobile sur l’échiquier mondial. La capacité annuelle installée de production de voitures a marqué un saut substantiel à près de 530.000 unités, contre quasiment le sixième sur la période d’avant 2012 (DEPF, 2020). Depuis, la structure des exportations a évolué en faveur des produits finis, notamment les voitures de tourisme, représentant en 2019 plus de 42,5% du total des exportations du secteur, contre 12% en 2011. Ce repositionnement de l’industrie en haut de la chaîne de valeur a permis un redéploiement d’activités satellites autour des opérateurs de taille, Renault dans un premier temps et PSA ensuite, puis le développement d’un véritable écosystème. Les taux d’intégration cibles pour les autorités publiques avoisinent 65% pour Renault et 80% pour le Groupe PSA.

KHADIM MBAYE / Les inspirations ECO


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