Éco-Business

Après 20 ans d’existence, l’AMIC dresse son bilan

L’Association marocaine du capital investissement (AMIC) a tenu la 9e
édition de sa conférence annuelle, cette semaine. L’événement a coïncidé avec le 20e anniversaire et était marqué par la présence de plus de 300 professionnels de l’investissement et professions associées, chefs d’entreprises, investisseurs institutionnels et gestionnaires privés, représentants des pouvoirs publics et leaders d’opinion. L’occasion pour le président de l’association Adil Rzal, de revenir sur les avancées du secteur et les défis à relever.

Si à sa création, 20 ans en arrière, l’AMIC comptait 6 sociétés de gestion, elle en est aujourd’hui à 50, dont 28 membres actifs. Partant de quelques centaines de millions de DH sous gestion, elle compte aujourd’hui plus de 21 MMDH de capitaux levés, ce qui a permis de soutenir près de 200 entreprises.

Une belle évolution certes selon Rzal, mais qui manque encore de dynamisme. Rapportés aux 20 ans de l’industrie, ce sont donc seulement 10 entreprises par année qui sont concernées. «Ce qui n’est pas encore suffisant», remarque le président de l’association qui prend l’exemple de la France, considérée comme le leader européen en capital investissement, et où chaque année, 15 milliards d’euros sont investis dans près de 2.230 entreprises et 900 strat-ups.

«Nous sommes conscients qu’il y a un réel potentiel avec de grandes opportunités, mais il faut s’organiser pour y arriver», assure Rzal.

Un changement de paradigme est à envisager, puisque le système bancaire, malgré tous les efforts fournis, ne peut pas couvrir seul le financement des entreprises de la place. À commencer par la suppression de la TVA adossée aux prestations de ces sociétés de gestions. Cela représenterait un manque à gagner de 4 à 5%, selon les professionnels de la place. Les incitations fiscales ne suffisent plus. La diversification des types de fonds est nécessaire.

Au départ, seuls les fonds de capital risque étaient connus avant l’arrivée des fonds de développement qui visent les PME. Ces derniers ont pu évoluer pour viser des entreprises de taille plus importante. À cela s’ajoute, les fonds transrégionaux qui gèrent des actifs dépassant le milliard de DH. Malgré l’existence de cette palette de fonds et la mise en place, il y a un an, d’une feuille de route relative au capital amorçage, l’industrie semble ne pas être en adéquation avec la réalité du marché et les besoins d’une certaine catégorie d’entreprises, les PME. Le fonds amorçage n’a pu se développer que grâce au lancement il y a 2 ans du fonds Innov Invest.

Entre temps, le maillon du capital du développement a migré vers les grandes entreprises et donc les PME ne sont plus couvertes. «C’est une des problématiques qu’il va falloir solutionner avec la contribution de tous les acteurs», espère le président de l’association.

Même son de cloche auprès de Zouhair Chorfi, secrétaire général du ministère de l’Économie et des finances qui souligne que « le secteur, par l’expertise qu’il a développé et la maturité qu’il a acquise, est en mesure de jouer un rôle encore plus important sur des segments spécifiques, tels que les PME, qui à la fois sont au centre des priorités publiques et dégagent des opportunités de croissance pour l’industrie». Il y a donc très peu de fonds qui s’adresse aux TPE et PME, mais d’autres segments accusent un manque flagrant comme c’est le cas du capital transmission.

L’association et le ministère de l’Économie ont, d’ailleurs, noté la réelle nécessité de disposer du capital retournement et du capital transmission qui prend en charge des besoins avérés pour certaines entreprises appelées à revoir leur modèle de développement pour faire face aux changements de leur environnement ou qui ont besoin d’assurer leur pérennité.

«Nous sommes dans la phase finale de conception d’une offre de relance destinée à soutenir les entreprises faisant face à des difficultés conjoncturelles», annonce Chorfi.

De ce fait, les deux protagonistes insistent sur la contribution de l’ensemble des acteurs du marché, dont les investisseurs institutionnels. «Si le secteur arrive à mobiliser l’essentiel des fonds auprès des investisseurs étrangers, la question de sa capacité à mobiliser les ressources internes notamment auprès des investisseurs institutionnels reste posée », remarque Chorfi.

«Aujourd’hui, 80% des fonds levés se sont fait auprès d’investisseurs étrangers. C’était bien en 2010, mais ce n’est plus normal en 2020», renchérit Rzal.

Après 20 ans d’exercice, il s’avère que le secteur a besoin de renforcer un certain nombre de mesures pour soutenir les entreprises marocaines. Le cadre juridique est un critère particulier à régler puisqu’à ce jour seules 12 sociétés de gestion sont agréées. En attendant, la plupart des acteurs continuent à exercer dans le cadre de sociétés de droit commun.


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