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Ali Abaouz: “La valeur des exportations projetées pour l’année 2030 est de l’ordre de 5 MMDH”

Ali ABAOUZ
Directeur par intérim de l’ORMVA de Tafilalet et directeur régional de l’Agriculture de Drâa-Tafilalet

Le directeur de l’ORMVA de Tafilalet revient sur les ambitions agricoles de la région, conformément aux orientations de son nouveau Plan agricole régional (PAR), inscrit dans le cadre de la stratégie Génération green. 

Parmi les potentialités économiques de la Région de Drâa-Tafilalet figure le secteur agricole. Comment le Plan agricole régional (PAR) mettra-t-il l’accent sur la captation de la valeur ajoutée au sein de ce territoire ?
L’objectif du nouveau PAR de Drâa-Tafilalet est de doubler la valeur ajoutée (VA) du secteur agricole au niveau de la région afin d’arriver à 9 MMDH à l’horizon 2030. Cet objectif sera atteint, en premier lieu, grâce aux investissements déjà réalisés dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV). En effet, ces derniers ont contribué à une accumulation du capital qui s’est accompagnée -dans le cas de cette région- par l’augmentation de la superficie productive, l’amélioration durable de la productivité et des revenus ainsi que le développement d’emplois de qualité dans le monde rural au profit des emplois non rémunérés et vulnérables. Par ailleurs, les investissements prévus dans le cadre du nouveau PAR vont continuer à créer de la richesse, notamment en ce qui concerne les efforts réservés au développement de l’amont de plusieurs filières telles que les dattes, les pommes, le safran, la rose à parfum et bien d’autres. Ces dernières vont certainement contribuer à la création d’emplois et accroître la rentabilité des entreprises locales.

Qu’en est-il du développement de l’offre exportable des produits phares de la Région de Drâa-Tafilalet ?
Jusqu’à l’achèvement de la stratégie du PMV, la valeur des exportations de la Région Drâa-Tafilalet ne dépassait pas 70 MDH, les produits concernés étant la datte, la rose à parfums et ses produits dérivées tels que l’eau de rose, la concrète de rose et les huiles essentielles. Les objectifs fixés pour la région, dans le cadre du nouveau PAR inscrit dans le cadre de la stratégie Génération green (SGG), sont très ambitieux. En effet, la valeur des exportations projetées pour l’année 2030 est de l’ordre de 5 MMDH.

Les filières prometteuses sont , tout d’abord, les dattes, avec un volume d’exportation qui dépassera 70.000 tonnes de variété Majhoul. Ensuite, les pommes (vers les marchés sub-sahariens) et la rose à parfum et ses dérivés (compte tenu du nombre d’opérateurs concernés dans la région qui détiennent des marchés important au niveau de l’UE). Pour sa part, le safran, qui représente plus de 45% de la production nationale, aura toute sa place, en dépit de la compétition ardue avec les producteurs iraniens. En dernier lieu, on peut citer le bio, une filière prometteuse qui peut réaliser une belle percée sur le marché européen.

Le PAR compte booster de nouvelles filières, notamment le pistachier, le cactus, les cultures biologiques, le quinoa,…Quel sera l’apport de ces cultures sur les performances agricoles de la région ?
Les spécificités agro-climatiques de ces zones oasiennes encouragent l’introduction d’un certain nombre de cultures, dites nouvelles, comme le pistachier, le quinoa, le caroubier, les plantes aromatiques et médicinales (PAM), le cactus, l’héliciculture,… D’ailleurs, les résultats enregistrés au niveau des essais, réalisés à titre individuel par certains agriculteurs, ont été encourageants en terme d’adaptation de ces cultures aux conditions de la région, notamment pour ce qui est du quinoa et du pistachier.

Plusieurs projets relevant de l’agriculture solidaire seront entrepris au profit de la population locale. Idem pour ce qui est de l’agriculture bio, vu que les techniques adoptées dans ces zones oasiennes encouragent l’adoption de ce mode de conduite. Dans le cadre de la vision de la SGG, une superficie de 10.000 hectares sera traitée en mode bio à l’horizon 2030, incluant les cultures comme le palmier-dattier, la rose à parfum, le safran et le maraîchage. Le nouveau cadre législatif élaboré par le ministère de tutelle, relatif aux subventions accordées dans le cadre du fonds de développement agricole (FDA), notamment pour la certification bio, va certainement contribuer à encourager les agriculteurs, petits et grands, à adopter ce mode de conduite.

Ce plan permettra l’extension des systèmes d’irrigation localisés et des superficies plantées. De quelle façon comptez-vous accompagner ce chantier, en relation avec la question de la rareté des ressources hydriques ?
Les zones oasiennes sont les plus concernées par le phénomène des changements climatiques. En effet, la sècheresse est devenue de plus en plus fréquente. La rareté des ressources hydriques nous interpelle tous pour pérenniser les différentes ressources en eau disponibles. Ainsi, dans le cadre de la SGG, plusieurs actions seront entreprises dans le cadre de la poursuite du programme d’économie d’eau d’irrigation sur une superficie de 64.000 ha, à l’horizon 2030.

Il est prévu aussi l’aménagement en aval de nouveaux barrages, sur une superficie de 12.000 ha ainsi que la réhabilitation de la petite et moyenne hydraulique par la construction de seguias et khettarat sur 90 km. Il est question enfin de consolider l’irrigation par pompage solaire sur une superficie de 55.000 ha et la conservation des autres ressources naturelles, notamment le sol et la végétation des parcours. Le PAR a prêté une attention particulière à ce volet, via la conservation des sols sur 25.000 ha et l’amélioration pastorale sur 450.000 ha ainsi que la création et l’équipement de plus de 270 points d’eau.

Quel potentiel offrent les terres collectives dans le cadre de la stratégie Génération green ?
L’offre de la région en terrains collectifs est très tributaire du volume d’eau disponible. Ceci dit, on estime que le potentiel de terrains collectifs, qui pourront être mobilisés, est de 23.000 ha. Dans le cadre de la SGG, cette superficie concerne, en premier lieu, l’installation du palmier-dattier avec un objectif de 1,6 millions de vitroplants à planter sur de nouvelles extensions. D’autres cultures sont envisagées, comme le pommier, l’olivier, l’amandier, la rose à parfum, le safran et le maraîchage ou la pomme de terre dans les zones favorables. Cette mobilisation des terres collectives profitera à plus de 1.740 nouveaux jeunes entrepreneurs agricoles, 4.513 ayants droit et 185 nouveaux investisseurs.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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