Activité industrielle : agroalimentaire et métallurgie, les locomotives de la reprise

L’industrie marocaine retrouve progressivement des couleurs. Selon l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib pour juillet 2025, la production et les ventes repartent à la hausse dans la majorité des branches, portées notamment par l’agroalimentaire et la métallurgie. Si le textile et la chimie restent en retrait, l’ensemble des indicateurs laissent entrevoir une reprise graduelle, nourrie par une demande intérieure résiliente et un climat des affaires en amélioration.
Les premiers frémissements d’un redressement économique, perceptibles depuis le premier trimestre de l’année, se transforment peu à peu en tendance. À en croire la dernière enquête de conjoncture publiée par Bank Al-Maghrib pour le mois de juillet 2025, l’activité industrielle reprend des couleurs. Les indicateurs passent progressivement au vert, confirmant l’hypothèse d’une croissance plus robuste durant la deuxième moitié de l’année.
En effet, l’enquête fait état d’une amélioration de la production et des ventes dans l’ensemble des branches industrielles, à l’exception notable du textile et cuir, où la dynamique demeure atone. Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) gagne un point, à 79% contre 78% en juin. Une progression modeste, mais révélatrice d’un climat des affaires en amélioration.
Reprise à deux vitesses
Les commandes globales apparaissent en hausse, tirées notamment par l’agroalimentaire et la mécanique-métallurgie. Mais cette embellie masque des contrastes sectoriels. Les carnets sont jugés supérieurs à la normale dans l’agroalimentaire, conformes aux attentes dans la métallurgie, mais restent en deçà pour la chimie et le textile.
Cette hétérogénéité traduit à la fois la vigueur de la demande intérieure dans certaines filières et la fragilité persistante d’industries plus exposées à la concurrence internationale ou à des cycles moins porteurs. Dans le détail, l’agroalimentaire s’impose comme le moteur de cette reprise.
En juillet, la production a progressé et le TUC s’est établi à 74 %. Les ventes, portées aussi bien par le marché local que par l’export, se sont accrues. Les carnets de commandes dépassent la normale, signe d’une demande soutenue qui devrait se prolonger. Les industriels du secteur anticipent d’ailleurs une hausse de la production et des ventes au cours des trois prochains mois. Dans un contexte de consommation intérieure résiliente, l’agroalimentaire confirme sa place stratégique dans le tissu industriel marocain.
À l’inverse, le textile et cuir peine à retrouver son souffle d’antan. La production a progressé dans plusieurs sous-branches mais, en gros, l’industrie textile stagne. Le TUC atteint pourtant 81%, un niveau relativement élevé. Les ventes, elles, demeurent timides, en raison d’une stabilité dans le textile, un recul dans l’habillement et légère progression dans le cuir et la chaussure. Signe inquiétant, les commandes reculent globalement, hormis dans le cuir. Les carnets sont jugés inférieurs à la normale, et une entreprise sur quatre du secteur exprime des doutes sur l’évolution future de la production.
Cette incertitude illustre la vulnérabilité d’une filière très exposée aux fluctuations de la demande extérieure et à la pression concurrentielle.
Chimie, un dynamisme en demi-teinte
Le tandem chimie et parachimie affiche une amélioration plus nuancée. En juillet, la production a progressé, et le TUC s’est établi à 78%. Les ventes augmentent sur le marché intérieur mais reculent à l’export. Les commandes stagnent et les carnets demeurent en dessous de la normale. Les anticipations pour les mois à venir sont néanmoins orientées à la hausse, laissant espérer un regain d’activité à mesure que la demande domestique se renforce.
Toutefois, la mécanique et métallurgie se distingue par sa vigueur. La production progresse nettement et le TUC grimpe à 88%, soit le niveau le plus élevé parmi les branches industrielles. Les ventes, tant locales qu’internationales, connaissent une expansion, et les carnets de commandes sont jugés à un niveau normal. Les perspectives sont là encore optimistes, les industriels anticipant de nouvelles hausses de la production et des ventes au cours du trimestre. L’ensemble de ces tendances dessine une reprise graduelle mais réelle de l’activité industrielle.
Bank Al-Maghrib souligne que, malgré les incertitudes pesant sur certains secteurs comme le textile, la majorité des branches anticipent une consolidation de la production et des ventes dans les mois à venir. La dynamique de l’agroalimentaire et de la métallurgie compense pour l’instant les fragilités persistantes d’autres filières.
Au-delà des chiffres, ce climat de reprise traduit un retour progressif de la confiance des industriels. Reste à savoir si cette embellie pourra s’inscrire dans la durée, dans un contexte international encore instable, marqué par les tensions commerciales et la volatilité des marchés de matières premières.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO