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Accord d’Agadir : Coup de boost à l’intégration arabe

Une récente réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Accord d’Agadir a entériné la décision d’élargir l’accord «quadra» au Liban et à la Palestine. Les intérêts commerciaux et économiques d’une telle intégration semblent quasi-inexistants. Cet élargissement vise toutefois à réanimer l’intégration arabo-méditerranéenne et le projet de grande zone de libre-échange arabe.

L’annonce a été faite en avril 2016, en marge du 3e Comité des ministres du Commerce extérieur de l’Accord d’Agadir, tenu au Caire: Le Liban et la Palestine intégreront l’Accord d’Agadir. La balle était dès lors, dans le camp des pays membres de l’accord : Le Maroc, la Tunisie, l’Égypte et la Jordanie en vue d’accepter l’adhésion des deux pays. Près d’une année plus tard, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Accord d’Agadir, ont examiné à nouveau, lundi dernier, la demande d’adhésion du Liban et de la Palestine à cet accord. À ce sujet, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar a souligné qu’une réunion, tenue lundi en marge des travaux du 28e Sommet arabe au niveau des ministres des Affaires étrangères, a été consacrée à l’examen de la demande d’adhésion du Liban et de la Palestine à l’Accord d’Agadir.

La réunion des ministres des Affaires étrangères ouvre la voie devant l’adhésion de ces deux États après l’accomplissement des différentes procédures et mesures prévues dans ce cadre. Notons que les États membres avaient auparavant salué l’initiative d’adhésion de nouveaux membres à l’accord. Le Maroc a même rempli sa part du marché en adoptant en août dernier le projet de loi relatif à l’Accord d’Agadir, portant approbation du protocole additionnel de l’accord arabo-méditerranéen de libre-échange sur l’adhésion de nouveaux États, signé le  6 avril 2016. L’intégration de ces deux pays ne répond pas réellement à un intérêt commercial particulier. Peu de complémentarités économiques et d’intérêts commerciaux apparaissent entre ces pays et ceux de l’Accord d’Agadir.

Par ailleurs, l’Accord d’Agadir, lui-même, est l’un des moins dynamiques dans la panoplie d’accords signés par le Maroc. Le volume total des échanges commerciaux entre le Maroc et les États membres de l’Accord d’Agadir sur le libre-échange (Maroc, Égypte, Tunisie, Jordanie) a enregistré une augmentation significative depuis l’entrée en vigueur de ce dernier en 2007, passant de 690 millions de dollars à plus de 890 millions en 2015. Pourtant, ces échanges demeurent en dessous de ceux réalisés avec d’autres pays, même dans un cadre bilatéral.

L’élargissement de cet accord à ces deux nouveaux pays correspond plutôt à un intérêt politique et stratégique prenant en considération les objectifs fixés par le processus de Barcelone, lancé sous l’égide de l’Union européenne et qui vise à atteindre une meilleure intégration entre les pays du Sud de la Méditerranée. Par ailleurs, il s’agit d’un pas de plus vers la réalisation de la Grande zone de libre-échange arabe (GZLEA) dont la concrétisation peine à se réaliser devant les nombreux obstacles politiques que rencontrent les pays de la région. L’une des pratiques les plus répandues en matière de libéralisation des échanges commerciaux étant de répondre aux blocages au niveau des intégrations régionales (ce qui est en l’occurrence le cas dans le cadre de la GZLEA) par des élargissements sur différentes étapes intégrant au fur et à mesure de nouveaux partenaires avant d’atteindre une Grande zone de libre-échange. Notons que le Maroc travaille actuellement sur l’amélioration du rendement de cet accord de libre-échange. L’unité technique de l’Accord d’Agadir (organe chargé de l’accompagnement technique des pays membres de l’accord) vient de démarrer une étude régionale relative à l’évaluation du Processus d’Agadir, étude qui sera réalisée dans le cadre de l’assistance technique européenne.

L’objectif de cette étude est d’évaluer les 10 années de libéralisation des échanges dans le cadre de l’Accord d’Agadir. Cette étude devrait notamment répondre aux difficultés rencontrées par l’application des règles d’origine euro-méditerranéennes. Elle permettra en outre au Maroc de mieux se préparer aux renégociations des règles d’origine Euromed actuellement en cours au sein des institutions européennes. Le département du Commerce extérieur a d’ailleurs réceptionné les derniers appels à manifestation d’intérêt le 17 mars dernier, et les résultats seront connus environ 6 mois après le lancement de l’étude.



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