Biomasse. Une feuille de route en gestation

Après l’étude qu’il a publiée sur la question en février dernier, le ministère de l’Énergie a organisé plusieurs réunions, dont la dernière en date remonte à vendredi dernier, pour discuter des voies et moyens à mettre en oeuvre pour construire rapidement une feuille de route sur la biomasse.
La biomasse, recommandée par le souverain comme quatrième source de production d’énergie propre au Maroc, est l’objet de toutes les attentions du ministère de l’Énergie, des mines et du développement durable. Après l’étude qu’il a publiée sur la question en février dernier, le département de Aziz Rabbah a organisé plusieurs réunions sur le sujet. Des réunions dont la dernière en date remonte à vendredi dernier et dont l’objet était de discuter des voies et moyens à mettre en oeuvre pour construire rapidement une feuille de route sur cette source d’énergie renouvelable qui devra être activée à partir de 2020, dans la perspective du relèvement des engagements climatiques du royaume à l’horizon 2030, notamment pour se conformer aux résultats du GIEC (Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution climatique).
Plusieurs questions en suspens
Le sujet est toutefois difficile puisque plusieurs questions sont encore actuellement en suspens. Par exemple, on ne sait pas pour le moment de combien la biomasse va devoir contribuer à la production d’énergie aux côtés du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique. On ne sait pas non plus comment le département de l’Énergie compte articuler et déployer ce dispositif très lié à la valorisation des déchets et à l’économie circulaire. Quelle place faudra-t-il accorder au privé et aux territoires dont certaines sont engagés dans un système de gestion déléguée ? Et la réglementation dans tout ça ? Selon Rabbah, qui a présidé la réunion à laquelle ont pris part Nezha El Ouafi, la secrétaire d’État chargée du Développement durable (SEDD) et des représentants du ministère de l’Intérieur, de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et de l’Agence marocaine de l’énergie durable (MASEN), «pour bien mener ce chantier sur la biomasse, il est nécessaire d’élaborer une feuille de route qui traite de tous les aspects ». Le ministre a notamment parlé des aspects relatifs à la collecte, à la gestion des décharges contrôlées ainsi qu’à l’intégration dans le système productif national. La mise en oeuvre des deux premières mesures sera notamment confiée au SEDD. Tandis que la dernière, qui va consister à intégrer les capacités électriques des projets de valorisation énergétique de la biomasse dans le mix énergétique, tout en veillant au maintien de la sécurité du système électrique national, sera dévolue à l’ONEE.
Rabbah a aussi insisté sur la nécessité de coordonner les actions de toutes les parties prenantes en travaillant sur la facilitation de l’accès à l’information. Il a notamment pensé à la mise en place d’un observatoire dédié à la valorisation énergétique de la biomasse, qui facilitera l’accès à l’information relative aux textes législatifs, réglementaires et normatifs, aux processus technologiques, ainsi qu’aux performances énergétiques et économiques, ceci sans oublier la veille technologique et la possibilité de capitaliser sur les expériences existantes. Sur le plan réglementaire, le ministre a demandé à ses équipes d’intégrer le développement de cette nouvelle filière dans les réformes engagées par son département pour améliorer le cadre législatif et réglementaire régissant les énergies renouvelables et le développement de l’autoproduction. Il a aussi appelé à développer la normalisation des équipements, à renforcer les compétences nationales en la matière, à promouvoir le métier de l’énergéticien confronté constamment aux évolutions rapides des technologies énergétiques et à intégrer les technologies de l’information dans le monitoring des systèmes énergétiques. S’agissant de ce dernier objectif, il recommande qu’il soit pris en compte dans le projet de décret relatif aux sociétés de services énergétiques (ESCO) en cours de finalisation. Bref, en tenant compte de tous ces aspects ainsi que des données et hypothèses issues des différentes séances de travail et de l’étude sur la biomasse, il a été demandé aux participants de présenter une feuille de route, dans les meilleurs délais. L’enjeu étant de doter le Maroc d’une quatrième source de production d’énergie propre et d’inscrire le pays dans le cercle vertueux de l’économie circulaire.
Fès-Meknès, première région productrice
Selon les conclusions de l’étude sur la biomasse, le Maroc a une production d’énergie primaire de 11,5 millions de MWh/an, répartie entre l’agriculture avec 6,6 millions de MWh/an, les déchets verts (3 M de MWh/an), la foresterie (1,7 M de MWh/an) et les eaux usées (0,2 MWh/an). Par zone géographique de production, c’est la région de Fès-Meknès qui produit le plus avec 1,8 M MWh/an, suivies par Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi et Casablanca –Settat avec 1,3 M MWh/an chacune, et par Tanger-Tétouan-Al Hoceima avec 1,2 M MWh/an. Selon l’étude, la valorisation énergétique de la biomasse pourrait permettre de créer plus de 10 000 emplois et favoriser jusqu’à 8,5 millions de tonnes de réduction d’émission de gaz à effet de serre.