Maroc

Harcèlement sexuel : Une Casablancaise pourrait être la première à bénéficier de la loi 103.13

 
 
Une femme de 24 ans, Oumaima Requas, a déposé plainte contre trois humoristes marocains pour harcèlement sexuel.
 
Dans la rue, dans les transports, au travail…Sur les réseaux sociaux ou dans les médias, les témoignages se multiplient. Une jeune responsable administrative a décidé de briser le silence pour dénoncer l’agression sexuelle qu’elle a subie et a déposé plainte contre trois personnes connues. A la faveur de la nouvelle loi 103.13 relative à la lutte contre la violence faite aux femmes, qui entre en vigueur ce mercredi 12 septembre, Oumaima Requas pourrait devenir la première femme marocaine à bénéficier des mesures de cette réglementation adoptée au mois de février dernier.

Tout a démarré le 6 septembre 2018 à Casablanca, la jeune femme, de retour de son déplacement, s’apprêtait à rejoindre son mari et une amie dans un café de l’avenue des F.A.R, à 18h00. Dès son arrivée, elle est interpellée par trois hommes, attablés non loin de son mari.

«Ils s’adressaient à moi, avec des regards lubriques, en murmurant des phrases et mimant des gestes à connotation sexuelle, notamment des clins d’œil abusifs», raconte la plaignante. «Je croyais qu’ils allaient arrêter quand je m’installerais à côté de mon mari. Mais les insultes ont continué», poursuit la jeune femme. Le mari est intervenu pour défendre sa femme. Les insultes ont surgi des deux côtés. 

Une fois la dispute finie, la victime s’est dirigée avec son conjoint, vers le commissariat le plus proche et a déposé plainte. Les trois hommes ont été entendus le lendemain par le juge d’instruction et ont demandé à Oumaima de les pardonner et de retirer sa plainte. «Au début, ils ont même essayé de nier et de prétendre qu’ils préparaient un sketch», rapporte-t-elle. 

La jeune femme, déterminée à ce que justice soit faite, décide de poursuivre la procédure. «En tant qu’activiste, j’ai toujours été scandalisée par le harcèlement sexuel à l’égard des femmes, j’attendais impatiemment qu’on décrète ce genre de loi. Alors quand j’ai été moi-même victime de harcèlement, je n’ai pas hésité à déposer une plainte pour voir si la loi va vraiment être appliquée». En attendant sa convocation pour paraître devant la Cour, Oumaima Requas devient ainsi la première femme pour laquelle la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence faite aux femmes s’appliquerait.

 
Pour rappel, le projet de loi 103.13 a été adopté par la deuxième chambre le 14 février 2018. Il permettra au Maroc de disposer d’un texte juridique de référence et cohérent susceptible de garantir une meilleure protection des femmes contre toutes les formes de violence et de punir les auteurs, dans différents contextes, que ce soit à la maison, dans la rue, au travail ou ailleurs. S’il s’agit d’un collègue de travail, la sanction est portée au double. Les sanctions passent à un emprisonnement entre 3 et 5 ans et une amende de 5.000 à 50.000 DH si l’auteur du harcèlement est un ascendant, un mahram, un kafil, tuteur légal ou si la victime est mineure.



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