Aicha Laasri Amrani nouvelle patronne des patronnes marocaines
Les femmes chefs d’entreprises du Maroc ont désigné ce mardi 5 juin la présidente de leur association, lors d’une assemblée générale à Casablanca, laquelle a réuni plusieurs membres de la communauté des entrepreneuses marocaines.
À l’issue d’un vote qui aura duré près d’une trentaine de minutes, c’est la chef d’entreprise Aicha Amrani Lassri qui a été portée à la tête de l’association des femmes chefs d’entreprises du Maroc (AFEM) pour une durée de trois ans. Elle a obtenu 133 voix sur les 209 votantes, devançant ainsi largement sa rivale, Leila El Andaloussi. La nouvelle «patronne des patronnes marocaines» connaît bien l’AFEM pour l’avoir cofondée. Après 18 ans «d’attente», la présidente et fondatrice de la société de courtage SADAS Assurance succède à la présidente sortante Asmâa Morine Azzouzi, qui après trois ans à la tête du patronnant féminin marocain a décidé de renoncer à se présenter à un deuxième mandant «pour des raisons personnelles», a-t-elle indiqué dans une interview avec Les Inspirations ÉCO. «Au bout d’un mandat, j’ai estimé que j’ai tout donné et il fallait laisser la main à une autre équipe avec un nouveau dynamisme, un nouveau souffle et de nouvelles idées. De mon côté, ce choix va me permettre d’aller vers de nouvelles aventures», estime-t-elle.
Elle connaît bien l’AFEM
Quant à sa remplaçante, elle le sait, beaucoup reste à faire au sein de l’AFEM. À ce propos, la 2e femme ayant obtenu un agrément d’assurances au Maroc mise sur la promotion, le développement et le soutien de l’entrepreneuriat féminin comme levier de développement économique durable au Maroc pour transformer l’AFEM en plateforme privilégiée du Doing Business pour ses membres, comme elle l’a promis dans son programme de campagne. «Jusqu’ici, j’avais des contraintes familiales, raison pour laquelle je ne pouvais pas me présenter à la tête de l’AFEM. Aujourd’hui, la donne a changé car j’ai beaucoup plus de disponibilité. Mes enfants ont grandi», a déclaré Aicha Laasri Amrani dans l’interview qu’elle a accordée aux Inspirations ÉCO juste après son élection, avant de se vanter d’avoir beaucoup fait pour l’association féminine qu’elle a vue naître. Une déclaration à peine voilée et qui sonne comme une riposte aux critiques des plus jeunes membres de l’AFEM qui aspiraient à «un renouveau». Mais la «mère de famille» qui se targue d’avoir participé à l’incubation de près de 80 jeunes entrepreneuses, devenues aujourd’hui des références au sein de l’AFEM ne veut pas passer pour «une belliqueuse».
Une présidente rassembleuse ?
Entrepreneuse «accomplie», elle se présente plutôt comme une patronne pragmatique et «rassembleuse», en témoignent les objectifs qu’elle s’est elle-même fixés à commencer par «la régionalisation». «Je vais m’occuper tout de suite de la régionalisation de l’AFEM, regarder de très près ce qui se fait dans les régions», a-t-elle indiqué. Lors de sa campagne, la nouvelle patronne des patronnes avait fait la promesse d’œuvrer, une fois élue, pour la création de 7 nouvelles antennes régionales pour atteindre le nombre de 12 délégations régionales à l’horizon 2021 et couvrir ainsi l’ensemble des régions du royaume. «Je vais dupliquer les modèles d’incubation réussis dans toutes les plus grandes villes du royaume pour encourager l’entrepreneuriat féminin au Maroc», a-t-elle déclaré ce mardi pour réaffirmer son engagement. Aujourd’hui, l’AFEM compte sept incubateurs et le souhait d’Aicha Laasri Amrani est de porter ce nombre à 12 voire 13 avant la fin de son mandat.
Beaucoup de chantiers et des défis à relever
Mais d’autres chantiers attendent, notamment la mise en place d’une charte de la «préférence» qui engagera l’AFEM à favoriser ses membres lors des consultations pour la réalisation de missions et de prestations dont elle a besoin et la création d’un guichet unique de mise en relation des membres de l’AFEM avec les parties prenantes de l’écosystème entrepreneurial, les instances publiques et les prestataires baptisés Link Women. Aicha Laasri Amrani ambitionne également de repenser les statuts de l’association pour permettre la mise en place d’une gestion participative et inclusive. La refonte des outils de communication, la gestion des incubateurs et l’allocation des budgets sont également des sujets sur lesquels la nouvelle patronne de l’AFEM devra s’atteler afin de mettre en place un cadre qui favorise la participation de tous les membres et le développement de l’entrepreneuriat des femmes au Maroc. Enfin, le recrutement de nouveaux membres et la collecte de fonds font également parties des tâches que l’actuelle présidente de l’AFEM s’est assignées.
Asmâa Morine Azzouzi : bilan positif
Après trois ans passées à la tête de l’AFEM, Asmâa Morine Azzouzi revient sur son bilan qu’elle juge positif. «Je suis animée par un sentiment du travail accompli», a-t-elle déclaré en réaffirmant son engagement pour la défense de la cause des femmes chefs d’entreprises. «Je viens de terminer mon mandat au sein de l’AFEM mais je reste toujours engagée pour la cause féminine puisque je vais siéger au niveau du conseil des sages de l’AFEM», a-t-elle estimé avant d’ajouter : «Quand on est militante pour la cause féminine, on reste engagée pour toute sa vie, donc je continuerai à porter le leadership économique des femmes marocaines». S’agissant du bilan financier de l’AFEM qui laisse apparaître un déficit de plus de 800.000 DH, l’ex-présidente minimise. «C’est juste un ajustement technique puisqu’il y avait des subventions qui ont été comptabilisées comme recettes probables et après quatre ans, on a estimé que ces recettes n’allaient pas rentrer dans nos caisses donc on les a éliminées», a-t-elle tenté d’expliquer. Cependant, il faut souligner que l’AFEM a fait 3,7 MDH de recettes en 2017 et que deux incubateurs supplémentaires ont été créés sous la présidence d’Asmâa Morine Azzouzi, entre autres réalisations.