La sardine victime des «prédateurs»
La sardine, poisson prisé par les Marocains pour sa valeur alimentaire et son prix, fait l’objet d’une bataille entre de «gros poissons».
L’approvisionnement en sardine se fait depuis six ports principaux : Casablanca, El Jadida, Safi, Sidi Ifni, Tantan, Laâyoune et Tarfaya. À la sortie du port, la sardine se vend aux mareyeurs à 150-160 DH la caisse de 25kg. Toujours en théorie, sur le marché de gros, cette sardine est vendue à 180 DH la caisse de 25 kg, soit 8 DH/kg. Mais comment les prix de la sardine grimpent à 20 DH à Casablanca, 25 DH à Tétouan, 40 DH à Al Hoceima ?
Surexploitation
«La criée sensée fixer le prix est rarement respectée. C’est plus une mise en scène entre les mareyeurs», accuse Brahim Mounassir, SG du Syndicat national des marins pêcheurs de la pêche côtière et hauturière au Maroc. Et d’ajouter : «Les mareyeurs s’approvisionnent directement chez l’armateur, créant de facto des monopoles et une rareté de l’offre se traduisant par de la spéculation». Pour ce marin-pêcheur, la sardine revient à 2 DH/kg au niveau du port. Dans une note destinée au département de la pêche, des acteurs du marché dénoncent aussi la surexploitation de la ressource. «Plusieurs pêcheries ont été victimes d’une surexploitation». Le cas le plus célèbre est celui du port sardinier de Safi. «Les débarquements dans ce port s’étaient arrêtés à cause de la disparition de la ressource de la région suite notamment à la surexploitation», rappellent les auteurs de la note. La stratégie Halieutis aurait permis de reconstituer certains stocks qui commencent à revenir graduellement depuis quatre ans. «Le grand risque est que nous sommes en train de reproduire les erreurs commises à Safi dans d’autres ports, notamment à Agadir, Laâyoune et Dakhla», prévient Mounassir.