Investissement : Comment redresser l’industrie marocaine
Moulay Hafid Elalamy, ministre de tutelle, mise sur son Plan d’accélération industrielle pour faire de l’industrie un pilier de la croissance. La première édition d’Industry Meeting Day Morocco ouvre des perspectives d’échanges pour une meilleure réflexion sur les potentialités.
C’est toujours passionnant de débattre autour de l’avenir de l’industrie au Maroc. Un secteur qui a souffert d’une perte de confiance au point que la question de la ré-industrialisation du pays est devenue de plus en plus problématique. Il fallait attendre le Plan d’accélération industrielle (PAI) porté par le ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy (photo) a réitéré, jeudi à Casablanca, son engagement pour un vrai décollage des secteurs industriels afin de réaliser, voire dépasser les objectif du Plan 2014-2020.
C’était à l’occasion de la première édition d’Industry Meeting Day Morocco, organisée, jeudi 25 mai, par le magazine Industrie du Maroc sous l’égide du ministère et en partenariat avec les associations et fédérations professionnelles. Une rencontre d’affaires que l’on veut annuelle et qui jette la lumière sur l’état actuel des choses ainsi que les perspectives d’avenir. Plus de 400 dirigeants des plus grandes entreprises marocaines ont répondu présents pour assister aux débats et participer aux B to B.
Le modèle industriel indien est à l’honneur avec la présence effective de Nirmala Sitharaman, ministre d’État pour le commerce et l’industrie de l’Inde. Certes comparaison n’est pas raison, mais le modèle indien séduit à plus d’un égard surtout que ce pays a pris une sacré longueur d’avance en matière d’intégration digitale comme en matière de NTIC (voir encadré). Conscient des défis qui restent à relever et tout en énumérant les réalisations de la politique marocaine de promotion de l’industrie, Elalamy n’a pas fait l’impasse sur les faiblesses. Il en a relevé la formation des ressources humaines dans certains secteurs qui ont perdu de leur éclat au fil du temps. Il a aussi parlé du risque de perte de confiance face aux difficultés de parcours. La création d’emplois est aussi un casse-tête inhérent à tout programme industriel car il faut que les investissements autant publics que privés dans le secteur se traduisent par un nombre satisfaisant de postes d’emploi créés.
45 écosystèmes en trois ans
Le Maroc s’est fait titiller à ce propos par le dernier rapport de la Banque mondiale, mais il faut savoir que ce que le Maroc gagne en intégration industrielle, sans prétendre compenser l’impératif de création d’emplois, profite au pays à moyen et à long termes, notamment en impact positif sur la balance commerciale. Le ministre en convient, le Maroc avait besoin d’1,3 million de postes d’emploi industriels sur 10 ans et ceci à partir de 2014, année de lancement du PAI. Décision a été prise et les moyens requis mis en exécution pour créer 500.000 emplois à l’horizon 2020. C’est un objectif ambitieux sachant que seulement 75.000 emplois ont été créés dans le secteur sur les 20 dernières années. Cette volonté est en harmonie avec l’objectif de porter la part de l’industrie dans le PIB national de 14 à 23% en 2020. Elalamy a indiqué à ce propos que depuis 2014, en trois années seulement, 45 écosystèmes ont été mis en place dans 12 secteurs industriels.
Le secteur de l’automobile a joué le rôle de locomotive puisqu’il était le premier à se lancer dans l’expérience des écosystèmes. Résultat, l’automobile est depuis trois années, le premier secteur exportateur au Maroc avec 60 MMDH et un objectif tranquillement réalisable de doubler cette performance en 2020 pour atteindre 120 MMDH. Or, le plus important, c’est le taux d’intégration soutiré après d’âpres négociations menées avec brio par le ministre de tutelle : 65% avec Renault et 2 MMDH d’achat de pièces au Maroc combiné à 1 MMDH d’achat à travers PSA. Ce dernier a mis en place au Maroc un centre de recherche avec une capacité de 1.500 ingénieurs et la possibilité de doubler cet effectif.
Le Maroc est devenu également une destination de choix pour le secteur de l’aéronautique avec des noms à forte résonance comme Boeing, Airbus et, avant eux, Bombardier. Et pour marquer davantage cette politique volontariste de faire de l’industrie une locomotive pour l’économie, le PLF 2017 prévoit l’exonération de l’IS pendant 5 ans au profit des industries naissantes abstraction faite de leur taille. Idem pour le statut de l’exportateur indirect qui donne accès à des exonérations fiscales. Par ailleurs, le ministre a exhorté les acteurs économiques à l’élaboration de la nouvelle charte de l’investissement qui offre un appui différencié en fonction des régions. Dans ce sens, il va falloir intensifier la communication avec les fédérations industrielles pour redonner goût à l’investissement dans le secteur industriel.
L’Inde ou la révolution digitale
Moulay Hafid Elalamy a mis l’accent sur la révolution digitale que le Maroc doit entamer. Dans ce sens l’Inde s’avère un modèle d’inspiration car ce pays a réussi à mettre en place une technologie novatrice qui a permis de connecter le citoyen avec tous les services administratifs et banquiers grâce au digital. Tenez-vous bien, le secteur du digital à lui seul emploie plus de 17 millions de personnes à l’image du gigantisme indien.
Selon la ministre indienne du Commerce et de l’industrie, Nirmala Sitharaman, la révolution digitale a permis de couvrir 90% de la population. À partir du 1er juin prochain, chaque citoyen indien disposera d’une sorte de numéro d’immatriculation qui lui permet par le biais de son smartphone par exemple de payer, faire des transferts d’argents ou demander des documents administratifs. Le tout dans une seule et unique plateforme.