Déchets importés d’Italie : Hakima El Haité rassure

Au cœur d’une vive polémique, la ministre de l’Environnement se veut rassurante : l’importation des déchets se fait conformément à la législation marocaine et la convention de Bâle ratifiée par le Maroc et répond aux normes européennes.
«Je ne vais pas démissionner. C’est d’ailleurs moi qui ai demandé au gouvernement d’effectuer un audit sur l’importation des déchets pour jeter la lumière sur ce qui se fait au Maroc en la matière». C’est ce qu’a tenu à souligner à plusieurs reprises la ministre de l’Environnement Hakima El Haité, hier à Rabat dans une salle archicomble. Devant les journalistes, les représentants de la société civile ainsi que les industriels du ciment et les représentants des filières des déchets et des sociétés œuvrant dans le secteur de l’élimination des déchets, la responsable gouvernementale s’est voulue on ne peut plus rassurante. L’air outré, ladite ministre, qui s’est retrouvée au cœur d’une polémique sur les réseaux sociaux et même au sein de l’institution législative, se défend bec et ongles. Elle compte même porter plainte contre tous ceux qui l’ont «diffamée». Elle tient à relever que l’importation des déchets d’Italie s’est faite conformément aux procédures législatives, notamment la convention de Bâle ratifiée par le Maroc.
Hakima El Haité est claire : les déchets importés sont qualifiés par la convention de Bâle et la loi marocaine comme «non dangereux». «Ces déchets proviennent d’une région qui s’appelle Pescara. C’est plutôt Napoli qui connaît des problèmes de déchets», précise-t-elle. Ce n’est pas la première fois que les déchets sont importés par le Maroc. Depuis des années, quelque 450.000 tonnes de déchets par an entrent au royaume. Depuis 2014, le ministère de l’Environnement n’a donné aucune autorisation pour l’incinération des déchets, selon El Haité.
Ce département ministériel a mis en place une nouvelle procédure pour garantir que l’incinération des déchets soit conforme aux normes européennes et marocaines. Concrètement, l’autorisation d’importation et d’incinération des déchets passe par plusieurs étapes. Quelque 19 documents sont exigés conformément aux normes européennes pour que la cargaison entre sur le territoire marocain.
À cela s’ajoute un document «anti-mafia» quand les déchets proviennent d’Italie. Des analyses sont effectuées par un laboratoire international pour s’assurer que lesdits déchets ne représentent aucun danger. Et avant d’octroyer l’autorisation, des analyses doivent être faites pour s’assurer que l’opération d’incinération est conforme aux normes européennes. Mais pourquoi les industriels marocains importent des déchets de l’étranger et n’utilisent pas ceux produits au niveau national ? Pour la ministre de l’Environnement, le Maroc ne dispose pas encore d’une structure nationale en matière de ramassage, de tri et de valorisation des déchets dans les décharges. Actuellement, l’objectif est de pouvoir créer une industrie nationale en la matière pour qu’en 2020, 50% des déchets marocains soient utilisés dans la production de l’énergie.
Avant la tenue de la COP 22, les industriels espèrent utiliser les combustibles de substitution de récupération du Maroc. C’est en tout cas ce qu’a souligné Mohamed Chaïbi, président de l’Association professionnelle des cimentiers. Les combustibles de substitution vont permettre de faire diminuer la facture énergétique marocaine, de créer de l’emploi et de diminuer la pollution de gaz à effet de serre. Ce projet entre dans le cadre des préparatifs de la Cop 22, selon la ministre de l’Environnement : «C’est un exemple que le Maroc entend donner aux pays africains.»
Hakima El Haité,
Ministre de l’Environnement
«Je regrette de ne pas avoir travaillé plus tôt avec la société civile œuvrant pour la défense des droits de l’homme qui milite pour que l’environnement soit un droit pour chaque citoyen. J’ai uniquement travaillé avec les associations du secteur. Je suis actuellement accusée alors que depuis ma nomination à la tête de ce ministère, j’ai œuvré à structurer le secteur et à mettre en place les procédures juridiques.»
Mohamed Chaïbi,
Président de l’Association professionnelle des cimentiers
«Je regrette de ne pas avoir travaillé plus tôt avec la société civile œuvrant pour la défense des droits de l’homme qui milite pour que l’environnement soit un droit pour chaque citoyen. J’ai uniquement travaillé avec les associations du secteur. Je suis actuellement accusée alors que depuis ma nomination à la tête de ce ministère, j’ai œuvré à structurer le secteur et à mettre en place les procédures juridiques.»
Ahmed Hamidi,
Directeur général d’EcoMed
«Je regrette de ne pas avoir travaillé plus tôt avec la société civile œuvrant pour la défense des droits de l’homme qui milite pour que l’environnement soit un droit pour chaque citoyen. J’ai uniquement travaillé avec les associations du secteur. Je suis actuellement accusée alors que depuis ma nomination à la tête de ce ministère, j’ai œuvré à structurer le secteur et à mettre en place les procédures juridiques.»
Réglementation européenne
La directive européenne (2000/76/CE) portant sur l’incinération des déchets demeure la réglementation de base pour la valorisation énergétique des combustibles de substitution de récupération CSR (Refused Derived of Fuel – RDF). Elle fixe les conditions et exigences pour les installations d’exploitation, les valeurs limites d’émission de polluants dans l’atmosphère ainsi que le contrôle. Elle inclut dans son champ d’application la valorisation énergétique des déchets dans les cimenteries et dans d’autres installations d’incinération et de co-incinération. Les combustibles issus des déchets sont définis par le Comité européen de normalisation comme des combustibles solides préparés à partir de déchets non dangereux destinés à être valorisés énergétiquement dans des installations d’incinération ou de co-incinération. On entend par préparés : traités, homogénéisés et améliorés jusqu’à un niveau de qualité suffisant permettant un échange commercial.