Surveillance des risques : Nouvelle alerte sur les délais de paiement
Une étude menée par le comité des risques systémiques portant sur un échantillon de près de 1.700 entreprises a permis de confirmer un nouveau rallongement dans les délais de paiement des créances inter-entreprises. Une situation qui appelle à une accélération de la réforme sur les délais de paiement et sa mise en œuvre effective.
Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques vient de tenir sa troisième réunion au siège de Bank Al-Maghrib à Rabat. Institué par la loi n°103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés, ce comité présidé par le wali de Bank Al-Maghrib (BAM) évalue les risques systémiques pour ce secteur et examine les mesures pour en atténuer les effets en vue de préserver une stabilité financière. À cette occasion, le comité a lancé une nouvelle alerte concernant le rallongement des délais de paiement. Sur la base d’une étude portant sur un échantillon de près de 1.700 entreprises non financières privées et publiques, le Comité a pu constater que les délais de paiement des créances inter-entreprises se sont de nouveaux allongés, en particulier pour les entreprises privées.
Ces impayés atteignant même «des niveaux alarmants» pour les TPME et certains secteurs d’activité. «Cette situation pèse lourdement sur les trésoreries des entreprises et nécessite d’accélérer la réforme sur les délais de paiement et sa mise en œuvre effective», précise Bank Al-Maghrib dans un communiqué diffusé à l’issue de cette réunion. Force est de constater que la loi sur les délais de paiement entrée en vigueur en 2013 n’a pas eu grand effet sur la situation du recouvrement des créances chez les entreprises. Encore aujourd’hui, les délais de paiement continuent d’être importants et constituent la principale cause de défaillance des entreprises au Maroc. Une nouvelle réforme sur les délais de paiement est donc plus que jamais urgente. Sur un plan macro-prudentiel, le Comité a estimé que les risques macroéconomiques se sont atténués à la faveur de la réduction des risques émanant des conditions extérieures et de la consolidation budgétaire.
Néanmoins, la morosité de l’activité non agricole pourrait, si elle devait persister davantage, impacter négativement le système financier. La contraction du crédit bancaire aux entreprises pour sa part nécessite des mesures de relance à même de soutenir le financement de l’économie et partant de préserver les capacités bénéficiaires des institutions financières. Pour ce comité de sécurité regroupant également les représentants de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) ainsi que du ministère de l’Économie et des finances, les banques continuent d’être rentables, bien capitalisées et résilientes aux stress tests simulant des chocs macroéconomiques.
Dans ce contexte, leur position de liquidité s’est également améliorée. Toutefois, le comité note avec inquiétude une baisse des résultats dans un contexte de resserrement des marges d’intermédiation et de coût élevé du risque de crédit, en partie atténuées par leurs bonnes performances à l’international. «Dans une phase où la croissance des crédits bancaires est en grande partie portée par ceux à l’habitat, assortis de taux bas, l’exposition des banques au risque de taux d’intérêt appelle à la vigilance», prévient le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques.
Le secteur des entreprises d’assurances dégage pour sa part une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire. Néanmoins, selon ledit comité, le passage vers un régime prudentiel de solvabilité basée sur les risques devrait nécessiter la recapitalisation de certaines d’entre-elles. Les plus-values latentes susceptibles d’être dégagées par les portefeuilles d’actifs de ces institutions ont de nouveau baissé en relation avec la contreperformance du marché boursier. Il est à noter qu’à l’occasion de cette réunion, le comité de sécurité a procédé à l’approbation du rapport sur la stabilité financière relatif à l’exercice 2015 ainsi qu’à l’examen de la cartographie des risques du système financier et à la validation de la feuille de route inter-autorités des actions et réformes visant à renforcer la stabilité financière au titre de la période 2016-2018.
Les marchés de capitaux ont besoin d’électrochocs
Dans un autre registre, le Comité estime que les marchés des capitaux continuent de participer, mais encore de manière limitée, aux besoins de financement de l’économie. Leur niveau élevé de concentration constitue de surcroît un facteur de propagation des risques au sein du système financier appelant, entre autres, à l’aboutissement rapide des réformes prévues pour le développement de ces marchés. Enfin, sur la question des retraites, l’inquiétude est toujours prédominante eu égard aux déséquilibres techniques de certains régimes. En particulier, le régime des pensions civiles, dont la réforme a enregistré un retard important, a connu un deuxième déficit en 2015 et pourrait voir ses réserves s’épuiser en 2022.