PLF 2026 : un cap royal pour un Maroc émergent

Le Projet de loi de finances 2026 trace les contours d’un tournant budgétaire majeur. Adossé aux orientations fixées lors du Conseil des ministres du 19 octobre, ce texte traduit la volonté du Royaume de consolider sa trajectoire économique tout en approfondissant la dimension sociale et territoriale du développement.
Lors du Conseil des ministres de dimanche dernier, les grandes orientations du Projet de loi de Finances 2026 ont été examinées. Présenté par la ministre de l’Économie et des finances, ce budget trace les contours d’une nouvelle étape dans la mise en œuvre du programme «Maroc Émergent» et s’inscrit dans la continuité des Orientations royales formulées à l’occasion de la Fête du Trône et de l’ouverture de la session parlementaire.
Hier, une séance plénière commune des deux Chambres du Parlement s’est tenue pour la présentation officielle du texte par la ministre Nadia Fettah. Conformément à l’article 68 de la Constitution, cette étape parlementaire ouvre le débat sur un budget stratégique, conçu dans un contexte international empreint d’incertitudes, mais porté par des indicateurs nationaux solides.
Une économie en reprise et des équilibres maîtrisés
Le PLF 2026 intervient alors que l’économie affiche des signaux encourageants. La croissance nationale devrait atteindre 4,8%, tirée par la reprise de la demande intérieure et la vitalité du tissu productif, en particulier dans les secteurs non agricoles.
L’inflation, maîtrisée à 1,1% à fin août 2025, et la réduction progressive du déficit budgétaire à 3,5% du PIB, témoignent de la solidité des équilibres macroéconomiques. Au-delà des chiffres, le texte illustre la continuité d’une stratégie axée sur la rigueur, la stabilité et la transformation structurelle de l’économie.
Le gouvernement entend consolider la trajectoire de croissance et accélérer la convergence vers un modèle de développement fondé sur la justice sociale et la cohésion territoriale.
Quatre priorités structurantes
Outre le renforcement de l’effort budgétaire destiné aux secteurs de la santé et de l’éducation nationale, pour atteindre une enveloppe totale de 140 milliards de dirhams, en plus de la création de plus de 27.000 postes budgétaires en faveur des deux secteurs, le PLF 2026 s’articule autour de quatre axes majeurs, définis lors du Conseil des ministres.
La première priorité vise la consolidation des acquis économiques. Le projet entend renforcer la place du Maroc parmi les nations émergentes en stimulant l’investissement privé, national et étranger, tout en poursuivant la mise en œuvre de la Charte de l’investissement. L’accent est mis sur le déploiement de l’Offre Maroc pour l’hydrogène vert, la diversification des financements et la promotion de Partenariats public-privé innovants. Une attention particulière sera portée aux très petites, petites et moyennes entreprises, avec un dispositif d’assistance technique et financière pour encourager l’investissement et la création d’emplois.
La seconde priorité porte sur le développement territorial intégré. Il s’agit de lancer une nouvelle génération de programmes conçus sur la base de concertations régionales, en accordant la priorité à l’emploi des jeunes, à la santé, à l’éducation et à la mise à niveau des infrastructures locales. Les régions les plus fragiles (zones de montagne, oasis, littoral) bénéficieront d’une attention spécifique à travers l’extension du Programme national de développement des centres ruraux émergents.
La troisième priorité est la consolidation de l’État social. Le texte prévoit la poursuite du chantier royal de généralisation de la protection sociale et de l’aide directe au profit de quatre millions de ménages, avec la revalorisation des aides mensuelles aux enfants (de 50 à 100 DH) et le déploiement d’un dispositif spécifique pour les enfants orphelins ou abandonnés. L’élargissement des régimes de retraite et la généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi viendront compléter cet édifice social.
Enfin, la quatrième priorité concerne la préservation des équilibres et la réforme structurelle. Le gouvernement prévoit une refonte de la Loi organique relative à la Loi de finances, dans une logique de responsabilisation et de gestion axée sur la performance. L’effort portera également sur la restructuration du portefeuille public et la modernisation du système judiciaire pour renforcer la transparence et l’attractivité du climat des affaires.
Une loi de finances de consolidation et de projection
Le PLF 2026 traduit une vision budgétaire équilibrée, destinée à préserver la stabilité macroéconomique tout en accélérant la transformation structurelle et sociale du pays. En plaçant la performance, la territorialité et la responsabilité au cœur de l’action publique, il s’inscrit dans la continuité des réformes initiées depuis 2020 et vise à ramener durablement le déficit budgétaire sous le seuil de 3% du PIB à l’horizon 2027.
La présentation du PLF 2026 devant le Parlement ouvre désormais la phase du débat budgétaire. Un moment politique décisif qui devrait confirmer la volonté du Royaume de poursuivre son chemin vers un développement plus équitable, plus territorialisé et plus résilient.
S.N. / Les Inspirations ÉCO