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Bourse : BKGR mise sur la montée en puissance de Maroc Telecom

Maroc Telecom entre dans une nouvelle phase stratégique marquée par l’accélération de ses investissements dans la 5G et la fibre optique, portée par un partenariat inédit avec Inwi et un redressement marqué de sa capacité bénéficiaire. Selon BMCE Capital Global Research, le titre présente un potentiel de hausse de 13,7 % à moyen terme, soutenu par un retour attendu à un rendement attractif et une valorisation jugée encore intéressante.

BMCE Capital Global Research (BKGR) rehausse sa valorisation de Maroc Telecom à 139 dirhams par action, contre 126 dirhams précédemment, et maintient sa recommandation à «Accumuler», soit un potentiel de hausse de 13,7% par rapport au cours du 8 août 2025 (123 dirhams). Cette révision intègre les effets attendus des investissements stratégiques dans la 5G et la fibre optique, ainsi que l’impact positif de la nouvelle gouvernance et de la résolution des litiges réglementaires.

Une croissance compensée par l’Afrique
Sur le premier semestre 2025, le chiffre d’affaires consolidé de Maroc Telecom recule de 1,2% à 18,04 milliards de dirhams (MMDH), affecté par la baisse de 3,4% des activités au Maroc, en particulier sur le mobile, sous pression concurrentielle et réglementaire.

BKGR souligne toutefois que «la bonne dynamique des filiales Moov Africa (+1,2%) et de la Data fixe au Maroc a partiellement compensé cette érosion».

Pour l’ensemble de 2025, les revenus devraient s’établir à 36,52 MMDH, en légère contraction de 0,5%. La société de recherches anticipe un maintien de l’EBITDA à un niveau élevé, bien que légèrement en retrait (-3,2%), avec une marge prévue à 50,9%, contre 52,3% en 2024.

Une capacité bénéficiaire en forte reprise
Après un exercice 2024 marqué par l’impact du litige sur le dégroupage avec Wana Corporate, Maroc Telecom enregistre un retour significatif dans le vert, le RNPG publié atteint 4,12 MMDH au S1 2025, contre une perte de 1,15 milliard un an plus tôt. Ajusté des éléments exceptionnels, le RNPG semestriel progresse de 0,5% à 2,96 MMDH. Pour l’ensemble de 2025, BKGR prévoit un bond du bénéfice net part du groupe à 6,30 MMDH, soit 3,5 fois le niveau de 2024, avant un retour à un rythme plus normatif de 5,17 milliards en 2026.

Des investissements accélérés pour préparer la Coupe du monde 2030
L’un des piliers de la stratégie est le partenariat structurant avec Inwi, validé en juin par l’ANRT, qui se traduit par la création des coentreprises UNI Fiber et UNI Tower. Celles-ci visent respectivement le déploiement d’un million de prises FTTH raccordables d’ici deux ans et la construction ou modernisation de 2 000 tours télécoms en trois ans, avec une perspective de 6 000 tours à dix ans.

BKGR estime que cette mutualisation des infrastructures permettra «des économies d’échelle et une meilleure efficacité capitalistique», tout en soulignant les risques liés à la perte partielle de contrôle sur les actifs passifs et à une concurrence potentiellement renforcée.

En parallèle, Maroc Telecom a obtenu en juillet sa licence 5G (120 MHz) pour 900 MDH, avec un objectif de couverture de 25% de la population fin 2026 et 70% en 2030. L’opérateur devra mobiliser au moins 30 MMDH sur cinq ans pour le déploiement de cette technologie, une pression financière que BKGR qualifie de «non négligeable» avec un retour sur investissement encore incertain.

Un profil de rendement retrouvé
Après une année 2024 marquée par un dividende réduit à 1 dirham par action en raison du règlement du litige Wana, BKGR anticipe un retour à un DPA normatif de 5,20 dirhams dès 2025, soit un rendement de 4,2%.

Le PER, gonflé à 40x en 2024, devrait se normaliser autour de 17x sur 2025-2026, rendant la valorisation «encore intéressante» malgré la hausse du cours.

La dette nette a reculé de 21% à 17,6 MMDH, grâce aux remboursements bancaires et à une émission obligataire de 3 MMDH destinée à refinancer la dette et à financer les axes stratégiques. Le ratio dette nette/EBITDA devrait rester contenu à 1,1x en 2025, contre 1,2x en 2024.

Des enjeux stratégiques au-delà de la finance
BKGR souligne que la nouvelle gouvernance, avec Mohamed Benchaâboun confirmé en tant que directeur général, s’accompagne d’objectifs ambitieux en matière de RSE, notamment un plan vers la neutralité carbone à l’horizon 2050 et un taux de 50% de femmes dans l’entreprise d’ici 2030.

Cette orientation, associée à une politique sociale de fidélisation et de formation continue (70% des collaborateurs formés en 2024), participe à renforcer l’image de l’opérateur sur ses marchés.

Pour BKGR, la combinaison de la résolution des litiges, de la montée en puissance des projets 5G et fibre, et du redressement des bénéfices, justifie la recommandation d’«Accumuler» le titre. Mais l’analyse prévient que «la création de valeur dépendra de l’exécution opérationnelle des projets et de l’évolution du cadre concurrentiel».

Avec un objectif de 139 dirhams et un rendement du dividende rétabli, Maroc Telecom se présente comme une valeur de rendement redevenue attractive, mais dont la trajectoire dépendra étroitement de la capacité à transformer ses investissements massifs en relais de croissance durables.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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