Edito. Dans les entrailles de la souveraineté numérique

Il y a des rencontres qui font voir les choses autrement. Celle que nous avons eue avec Abderrahmane Mounir en fait partie. Nous l’avons reçu la semaine dernière, dans le cadre de L’invité des ÉCO. Ce n’était pas une interview comme les autres mais une plongée dans un univers que l’on croit connaître (le numérique), et dont on ne mesure pas toujours la profondeur. Dès les premières minutes, le PDG de Maroc Data Center a happé notre attention.

Ces forteresses modernes que sont les data centers ne sont pas seulement des bâtiments bardés de caméras, d’onduleurs et de serveurs. Ce sont aussi des bastions invisibles où résident nos données les plus précieuses et donc notre autonomie, notre sécurité et notre avenir. Un data center ne devient un instrument de souveraineté que si le pays en contrôle non seulement les murs, mais aussi les outils, les protocoles, les couches logicielles, les données… et les hommes. On ressent, dans son témoignage, à quel point la souveraineté numérique est un combat quotidien. Un équilibre fragile entre ouverture et protection.

Entre innovation et vigilance. Les data centers, comme les routes ou les hôpitaux, sont des infrastructures critiques. Et pourtant, combien de citoyens, voire de décideurs, en ont pleinement conscience ? Les intrusions quotidiennes, les mots de passe trop simples et les attaques en tout genre fragilisent tout un écosystème. La cybersécurité est là, mais les moyens ne suivent pas toujours.

Il faut former, réguler, certifier, renforcer. Car sans sécurité, pas de confiance. Et sans confiance, pas de numérique. Lorsque l’on écoute Abderrahmane Mounir, on se rend compte que nous vivons dans un monde en pleine transformation. Le Maroc, s’il veut devenir un vrai hub numérique régional, doit consolider ses infrastructures et ses talents tout en définissant ses propres règles du jeu.

Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO