Cyberattaques : les petits commerçants exposés ?

S’ils fonctionnent souvent avec du cash, de plus en plus de petits commerçants adoptent les paiements électroniques. Avec la libéralisation des paiements en ligne, il n’est pas exclu que l’usage des TPE se généralise davantage auprès de la profession. Ce qui n’est pas sans générer des risques en matière de cybersécurité.
Avec la fin du monopole du Centre monétique interbancaire, le marché du paiement électronique devrait encore connaître de nouveaux développements. D’ailleurs, ces derniers temps, plusieurs acteurs lorgnent ce marché, notamment après l’annonce par le Conseil de la concurrence de la fin du monopole en question. Et bien évidemment, une cible de taille intéresse les nouvelles entités qui cherchent à gagner des parts de marché dans les paiements électroniques : il s’agit des commerçants de petites structures et autres détaillants.
Avec la digitalisation, des solutions de paiements plus soft vont certainement voir le jour. C’est dans ce contexte que les professionnels des IT, au niveau mondial, alertent sur les risques de cyberattaques contre les vendeurs détaillants, moins bien outillés, et qui peuvent présenter des failles à même de susciter des attaques d’envergure.
Certains pays africains comme le Kenya et l’Afrique du Sud sont ainsi cités comme pays à risque, en raison du foisonnement des moyens de paiement mobiles. Dans le cas du Maroc, avec la libéralisation en cours dans le secteur des paiements électroniques, le risque est également présent.
Sensibilisation
«À vrai dire, tout le monde est concerné par les menaces. Et cela va du détaillant à l’institution la plus structurée et la plus officielle. Du moment que l’on dispose d’un téléphone ou d’un ordinateur, tout est possible», commente Hamza Waraki, cofondateur de Techso Group, actif dans le domaine de la cybersécurité.
En d’autres termes, cette perspective de libéralisation doit inciter à renforcer davantage la vigilance, avec une série d’actions à mener pour augmenter la sécurité des données et des transactions.
«Il y a tout d’abord une prise de conscience sur les risques liés aux cyberattaques. L’ensemble de ces acteurs doivent être sensibilisés sur la réalité de ces faits qui sont palpables», poursuit notre interlocuteur.
Pour lui, il y a nécessité de sensibiliser et de veiller au respect des procédures en ligne avec les normes et réglementations en vigueur. «Il est aussi important d’agir de manière préventive, avec des investissements dans la technologie. Il faut équiper convenablement l’ensemble des acteurs, au regard de la sensibilité des transactions, surtout que là, nous sommes dans le secteur financier». Un secteur qui est d’ailleurs l’une des principales cibles des hackers à travers le monde.
Modèle de sécurité
Cela dit, le système financier marocain, et notamment la filière monétique, demeure fiable et sécurisé. «C’est un savoir-faire marocain qui s’exporte aujourd’hui partout à travers le monde. Il s’agit d’un modèle international, même si aujourd’hui, aucun système ne peut se déclarer à l’abri de toute menace», poursuit le cofondateur de Techso Group.
En tout cas, les récentes attaques contre le système informatique de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), puis contre celui de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) ont créé une situation d’alerte permanente au niveau national sur le plan informatique.
D’ailleurs, certains sites relevant d’institutions gouvernementales demeurent toujours inaccessibles, malgré le fait qu’ils jouent un rôle de premier plan dans la fourniture d’informations.
Vulnérabilité à relativiser
Les récentes cyberattaques contre des institutions marocaines relancent le débat sur la vulnérabilité des dispositifs de cybersécurité des Entreprises et établissements publics du Royaume (EEP). Pour Hamza Waraki, cofondateur de Techso Group, il ne faut pas céder à la panique : «les entreprises et institutions marocaines ne sont pas vulnérables».
Les cyberattaques sont bien évidemment devenues monnaie courante, surtout dans ce contexte géopolitique tendu, mais au regard du dispositif de prévention et de riposte mis en place, on peut dire que le Royaume est plutôt en alerte sur la sécurité de ses données en ligne.
«La loi 05-20 et les directives nationales permettent aujourd’hui la mise en place de tout un dispositif de prévention, mais aussi de réaction en cas de cyberattaques», fait-il savoir.
Il n’empêche que des failles ne manquent pas, d’où l’urgence de veiller rapidement à les corriger. Et pour cela, toutes les plateformes numériques et digitales du pays sont invitées à se conformer rapidement aux directives nationales en la matière.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO