Tourisme : les campings, un marché en quête d’équilibre entre saisonnalité et diversité

Porté par un public marocain estival et des hivernants étrangers, le marché des campings au Maroc reste marqué par une forte saisonnalité. Entre offres basiques à 100 dirhams la nuitée et hébergements mieux équipés à plus de 500 dirhams, le secteur cherche à consolider son attractivité et à élargir sa clientèle.
En août, certains campings marocains atteignent leurs plus hauts taux d’occupation de l’année. «Tous viennent en août, c’est la concentration maximale», confie la responsable du camping L’Océan Bleu à Mohammédia. Situé à quelque pas de la plage, l’établissement affiche encore des disponibilités, avec un tarif à 100 dirhams par nuit pour un emplacement incluant toilettes, douche et branchement électrique.
Des formules adaptées à des profils variés
À quelques kilomètres de Mohammedia, le camping Mimosa affiche complet pour la plupart de ses hébergements. Il ne reste que quelques emplacements nus.
«En été, il y a surtout les Marocains. Les étrangers, on les voit plutôt en octobre et en avril», précise le gérant.
Ici, l’offre se décline en emplacement pour tente à 150 dirhams avec accès aux blocs sanitaires, caravanes aménagées entre 250 et 300 dirhams et cabanons à 500 dirhams la nuit. Cette variété répond autant aux campeurs occasionnels qu’aux voyageurs réguliers.
Un marché diversifié
Si les côtes atlantiques concentrent l’essentiel de l’offre, elles ne sont pas seules à séduire les amateurs de plein air. Du nord au sud, le Maroc aligne des options pour tous les goûts et tous les budgets. Sur la façade atlantique, les grandes structures côtoient des campings plus familiaux.
À Imi Ouaddar, Atlantica Parc Beach attire autant les familles marocaines en été que les camping-caristes européens en hiver, grâce à ses emplacements spacieux, son parc aquatique, ses animations et son accès direct à la plage. Un peu plus au sud, Erkounte Park, près de Mirleft, combine atmosphère conviviale et services essentiels, avec sanitaires bien entretenus, électricité en option et vue sur l’océan. Ici comme ailleurs sur la côte, les tarifs pour un emplacement standard tournent autour de 100 à 150 dirhams pour deux personnes, avec un petit supplément pour le branchement électrique.
Plus au nord, la région de Mohammédia reste une étape prisée, notamment pour sa proximité avec Casablanca et ses plages. Des établissements emblématiques comme le camping Mimosa, déjà évoqué, ou l’Océan Bleu, proposent des formules variées allant de l’emplacement nu à la location de cabanons ou de caravanes aménagées, permettant aux vacanciers de moduler leur séjour selon leur budget.
Du bord de mer à la montagne
À l’intérieur des terres, les zones montagneuses offrent un tout autre visage du camping. Dans le Moyen Atlas, le site d’Azrou Ougmes, niché au cœur des forêts de cèdres, mise sur le dépaysement et le confort, avec des hébergements plus haut de gamme à partir de 500 dirhams la nuit.
Ce type de destination attire surtout une clientèle en quête de fraîcheur estivale et d’expériences de nature, loin de l’agitation des plages.
Enfin, quelques campings plus modestes, souvent municipaux ou privés, se glissent dans des villes étapes comme Chefchaouen, Ouarzazate ou Ourika, offrant un hébergement simple mais pratique pour les voyageurs de passage.
Cette diversité géographique et qualitative constitue l’un des atouts majeurs du marché marocain, capable de répondre aussi bien aux besoins des campeurs itinérants qu’aux familles à la recherche d’un séjour plus structuré.
Saisonnalité, un défi à relever
La fréquentation suit deux grandes vagues. En été, les campeurs marocains privilégient le littoral et viennent souvent en famille. En hiver, ce sont les camping-caristes européens qui s’installent plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sur la côte sud. Cette dualité permet de maintenir l’activité mais laisse encore des périodes creuses.
«Les sourires font vivre toute l’année, mais surtout en bord de mer», résume avec humour un gérant.
Le marché connaît aussi ses mouvements. Certains campings municipaux ont fermé, comme celui d’Agadir, remplacés par des aires gardées ou des projets immobiliers. D’autres, à l’inverse, modernisent leurs installations et diversifient leur offre pour séduire une clientèle plus large, intégrant piscine, restauration, espaces de loisirs et hébergements atypiques. Les plateformes de réservation confirment que plusieurs sites, notamment sur la côte sud et dans le Rif, restent ouverts toute l’année.
Une offre à consolider
Le camping au Maroc demeure une niche au sein de l’hébergement touristique, mais il bénéficie d’atouts certains, de tarifs abordables, d’un climat favorable et d’une grande diversité géographique. Ceci dit, pour s’affirmer comme un marché solide, le secteur devra prolonger la saison, renforcer les services et mieux se faire connaître des voyageurs marocains en dehors des vacances d’été.
Les camping-caristes, un moteur discret du marché
Ils arrivent par vagues dès l’automne et s’installent pour de longues semaines, parfois plusieurs mois. Les camping-caristes, majoritairement venus d’Europe, constituent une clientèle fidèle pour les campings marocains, en particulier sur la façade atlantique sud, entre Agadir, Mirleft et Sidi Ifni.
Attirés par la douceur hivernale et le coût de la vie, ils privilégient les grands complexes offrant emplacements spacieux, branchements électriques, points d’eau, vidange et connexion Internet. Les tarifs restent compétitifs, souvent autour de 100 à 150 dirhams la nuit pour deux personnes, avec électricité en supplément. Leur présence permet à certains établissements de rester ouverts toute l’année et de maintenir un niveau d’activité stable en dehors de la haute saison estivale.
Dans certaines communes, cette clientèle régulière a même contribué à la modernisation des infrastructures et à la création de services spécifiques, renforçant ainsi le rôle stratégique des camping-caristes dans la vitalité du secteur.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO