Médiateur du Royaume : 13.142 plaintes traitées en deux ans

Les citoyens exprimant de plus en plus leurs attentes vis-à-vis de l’administration, le Médiateur du Royaume enregistre un afflux inédit de plaintes et de doléances. Plus de 13.000 saisines ont ainsi été recensées en deux ans, selon les rapports de l’institution relatifs aux années 2022 et 2023, présentés au Parlement.
Alors que la modernisation de l’administration publique s’affirme comme une priorité nationale, le volume des plaintes et doléances adressées au Médiateur du Royaume témoigne concrètement de l’état des relations entre les citoyens et les pouvoirs publics.
Selon les rapports 2022 et 2023 présentés au Parlement par Hassan Tariq, son président, l’institution a enregistré pas moins de 13.142 saisines en deux ans, un chiffre en nette progression qui interroge autant qu’il rassure.
Une hausse inédite des saisines, reflet d’une confiance accrue
Avec 7.226 doléances reçues en 2023 contre 5.916 en 2022, soit une hausse de 22,14%, le Médiateur du Royaume s’impose de plus en plus comme un recours privilégié pour les citoyens en quête d’équité face aux lenteurs, blocages ou décisions perçues comme injustes de l’administration.
«Ces chiffres traduisent une confiance croissante des citoyens dans les missions de l’institution et une prise de conscience accrue quant à son rôle en tant qu’instance d’équité, en dehors des procédures judiciaires», a estimé Hassan Tariq devant la Commission de justice, de législation, des droits de l’Homme et des libertés à la Chambre des représentants.
Le numérique au service de la médiation institutionnelle
Autre indicateur révélateur, l’usage croissant des outils numériques. Le portail «Espace citoyen» a vu le nombre de dépôts passer de 1.258 en 2022 à 2.239 en 2023, soit une progression de 78%. Un signe que les Marocains, dans le Royaume comme à l’étranger, adoptent progressivement les canaux digitaux, y compris lorsqu’il s’agit de contester ou de solliciter une régularisation.
Sur l’ensemble des doléances reçues, 9.267 ont été effectivement traitées, 4.116 décisions rendues en 2022 et 5.151 en 2023, ce qui représente un taux de traitement global de 95,85%. Cependant, toutes n’aboutissent pas à une réponse favorable, puisque 4.513 doléances ont été classées, tandis que d’autres sont jugées irrecevables pour des raisons de forme ou de compétence.
Des recommandations encore trop souvent ignorées
Au-delà des chiffres, c’est le degré d’écoute des administrations qui interpelle. Si le Médiateur a relevé une hausse de 118% du taux d’interaction des administrations avec ses recommandations entre 2022 et 2023, il reste un important volume de recommandations en suspens, parfois accumulées depuis plusieurs années.
Parmi les thématiques sensibles figurent, notamment, la situation des étudiants marocains en Ukraine, la simplification des procédures pour les Marocains résidant à l’étranger, les résultats de l’examen d’aptitude à la profession d’avocat ou encore le programme d’aide directe au logement. Au total, quatorze propositions concrètes ont été transmises au chef du gouvernement sur ces sujets, en deux ans.
Un levier pour réformer l’administration et restaurer la confiance
Dans un contexte où les attentes en matière de transparence et de qualité des services publics sont de plus en plus élevées, la médiation institutionnelle s’affirme comme un maillon stratégique. La vision 2025–2027 présentée par l’institution repose sur une approche intégrée conjuguant protection des droits, évaluation des services, modernisation et ouverture participative.
Un cap salué par les députés, qui ont unanimement souligné la nécessité de renforcer l’accès des citoyens à ces services, notamment via le numérique, et de consolider la confiance dans cet instrument d’équilibre démocratique.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO