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Gaming et e-sport : de quoi demain sera fait

Certes, les défis technologiques et structurels restent nombreux. Mais l’engagement des différents acteurs et la passion des jeunes talents laissent entrevoir un avenir prometteur, où le gaming deviendra non seulement un moteur économique, mais aussi un puissant vecteur d’inclusion sociale et culturelle.

Le Maroc se positionne aujourd’hui à un tournant stratégique dans le développement de l’industrie du gaming et de l’e-sport. Grâce à une collaboration étroite entre acteurs publics et privés, startups, et institutions internationales, le pays bâtit un écosystème robuste alliant infrastructures, formation, financement et organisation d’événements. Plus qu’une question de conjoncture, c’est un pari sur l’avenir.

Ghyzlaine Alami Marroni, directrice exécutive en charge du Marché des particuliers et professionnels chez Attijariwafa bank, évoque, par exemple, l’émergence d’un lien fort entre secteur bancaire et gaming. «On est en présence d’un phénomène mondial, au-delà de la mode. Il s’agit d’un vrai phénomène culturel et social dans lequel on voudrait s’inscrire. C’est une manière de faire de la banque autrement, de connaître les jeunes d’aujourd’hui et le client de demain».

Son expérience personnelle lors de la finale mondiale de League of Legends à Londres a révélé un engouement comparable à celui d’une finale de football de haut niveau, démontrant la puissance du gaming comme phénomène sociétal. L’institution financière qu’elle représente s’engage ainsi dans cet écosystème émergent, en partenariat notamment avec la Fédération royale marocaine des jeux électroniques.

En matière d’écosystème justement, Nissrine Souissi, directrice du Développement de l’industrie du gaming et des Systèmes d’information au ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, insiste sur l’importance des ressources financières et humaines.

«En attendant d’avoir un fonds national pour aider les jeunes entrepreneurs, on travaille déjà avec des partenaires locaux et internationaux ainsi qu’avec des fonds d’investissement et des programmes de formation à coût zéro pour les jeunes Marocains», relate-t-elle.

Un partenariat franco-marocain permet d’ailleurs la formation de jeunes talents au sein d’une des meilleures écoles mondiales de développement de jeux vidéo, ainsi que l’accompagnement de startups via un programme d’incubation sur mesure.Brahim Amdouy, corporate communication and content manager chez inwi, met en lumière l’importance d’une infrastructure solide.

«Nous développons continuellement nos infrastructures, notamment avec la fibre optique et les data centers, qui sont essentiels car c’est là que les jeux sont hébergés et joués», souligne-t-il.

Au grand soulagement de Hicham El Khlifi, président de la Fédération royale marocaine des jeux électroniques. «On était obligé de se connecter sur des serveurs à l’étranger, ce qui crée un temps de latence pénalisant pour nos joueurs. Aujourd’hui, nous avançons vers un hub local qui va permettre une fluidité extrême et qui va nous positionner comme un leader régional», note-t-il.

Cette infrastructure renforcée est perçue comme un levier déterminant pour le rayonnement du gaming marocain à l’international.

Un modèle win-win inédit
El Khlifi insiste aussi sur la nécessité d’une structuration rigoureuse de la filière. «Il faut détecter les jeunes talents très tôt, les accompagner dans leur formation et assurer un suivi aussi bien scolaire que familial pour leur stabilité, afin de faire émerger des champions», insiste le responsable fédéral en précisant que des ligues sont déjà opérationnelles pour structurer la scène locale et offrir une vision claire aux joueurs.

Bassem Gharsalli, vice-président et country manager Afrique du Nord-Ouest chez Mastercard, rappelle, pour sa part, l’importance des tournois. «Nous avons organisé au Maroc, pour la première fois en Afrique, des tournois internationaux Valorant et League of Legends, avec un succès au standard mondial», indique-t-il. Il évoque la possibilité d’une visibilité accrue comparable à celle des grandes finales sportives, grâce à des partenariats solides et un écosystème dynamique.

Mastercard soutient également le développement d’une académie dédiée au gaming, visant à former non seulement des développeurs mais aussi des organisateurs d’événements et des professionnels des médias, un levier essentiel pour accélérer le savoir-faire local.

En attendant, El Khlifi décrit un modèle inédit dans le sport marocain et qui est d’ores et déjà appliqué : «Avec Attijariwafa bank et inwi, nous créons des championnats sponsorisés à l’échelle nationale qui donnent de la visibilité à nos partenaires et permettent à la filière de se structurer durablement. C’est un modèle win-win inégalé au Maroc».

Pour lui, positionner le Maroc comme hub africain de l’industrie du gaming d’ici 2030 est tout à fait possible, le secteur marquant une longueur d’avance à faire rougir de jalousie les autres disciplines sportives.

Ghyzlaine Alami Marrouni
Attijariwafa bank

«Le public-privé, soutenu par des initiatives gouvernementales, nous permet de donner de la crédibilité à notre engagement. Nous sommes fiers d’être une institution financière capable de s’insérer dans cet écosystème, avec un engouement qui a largement dépassé nos attentes.»

Nissrine Souissi
Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication

«D’ici 2030, notre objectif est de positionner le Maroc comme hub africain de l’industrie du gaming. Le Morocco Gaming Expo, qui se tient du 2 au 6 juillet à Rabat, rassemble actuellement l’ensemble des acteurs : banques, fonds, formation, télécoms, constructeurs matériels et gamers, pour promouvoir ce secteur auprès du public national et international.»

Hicham El Khlifi
Fédération royale marocaine des jeux électroniques

«Nous pouvons créer un modèle unique où les compétitions seront sponsorisées et porteuses d’une visibilité forte, un modèle que les autres sports n’ont pas encore réussi à mettre en place.»

Bassem Gharsalli
Mastercard

«Un autre défi majeur est le transfert de savoir-faire. Nous travaillons à la création d’une académie virtuelle pour accélérer la formation et la montée en compétences des acteurs locaux.»

Brahim Amdouy
inwi

«Avec l’approche des échéances comme la CAN ou la Coupe du monde, nous voulons faire du Maroc un hub solide capable d’accueillir studios et joueurs dans les meilleures conditions.»

Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO



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