Éco-Business

Indicateurs macroéconomiques : la frilosité de la conjoncture pèse sur la reprise

Malgré une légère détente de l’inflation, l’économie amorce un début d’année en demi-teinte. Si les indicateurs économiques affichent quelques signaux encourageants en ce début d’année, la reprise demeure modeste sur fond de tensions internationales accrues.

Les derniers indicateurs émis par Bank Al-Maghrib confirment une modeste reprise, sans pour autant parvenir à dissiper totalement les inquiétudes structurelles pesant sur l’économie. Si le rythme de croissance du dernier trimestre 2024 reste contenu à 3,7%, les premiers mois de 2025 offrent cependant des motifs d’espoir, notamment dans l’agriculture et le bâtiment.

Dopée par des conditions climatiques favorables en fin de saison, la récolte céréalière affiche une hausse spectaculaire de 41%, tandis que les ventes de ciment progressent de plus de 10%, soulignant clairement la relance du secteur de la construction.

À l’inverse, l’industrie peine toujours à trouver un second souffle. Les entreprises manufacturières affichent une stagnation de leur activité, avec une légère baisse observée au premier trimestre, selon les enquêtes conjoncturelles de la Banque centrale, témoignant ainsi des difficultés persistantes dans ce secteur clé. Autrement dit, la reprise économique est bel et bien là, mais elle reste très segmentée.

Inflation en repli
Sur le front des prix, l’inflation poursuit son repli. Tombée à 1,6% en mars, contre 2,6% en février, elle marque une détente significative, notamment sur sa composante sous-jacente, désormais limitée à 1,4%. Ce reflux s’explique principalement par la baisse des prix des produits non échangeables.

Dans ces conditions, BAM a logiquement opté pour le maintien de son taux directeur à 2,25%, privilégiant la stabilité monétaire plutôt qu’une manœuvre prématurée.

Cette relative accalmie ne s’est toutefois pas reflétée sur les marchés financiers. Après un sursaut notable en mars (+6,2%), le MASI s’est contracté de 3% en avril, plombé par les tensions géopolitiques et l’annonce de nouvelles mesures protectionnistes américaines. La capitalisation boursière n’a pas échappé à cette volatilité persistante. Pris dans une spirale baissière, l’indice est repassé sous les 17.000 points, se rapprochant dangereusement de la barre des 16.200 points, emporté par un climat de capitulation généralisée sur les principaux marchés mondiaux.

Marché de l’emploi plus résilient
Le marché du travail, quant à lui, offre un tableau plus résilient. Sur un an, le volume global d’emplois progresse de 282.000 postes, essentiellement dans les services et l’industrie. Toutefois, cette amélioration masque des disparités territoriales préoccupantes, avec un taux de chômage relativement élevé, à 13,3%, en hausse, notamment, dans les régions rurales.

À l’inverse, les comptes extérieurs continuent de se dégrader. Le déficit commercial se creuse nettement, atteignant 71,6 milliards de dirhams (MMDH) à fin mars, sous l’effet d’un recul des exportations automobiles (-7,8%) et d’une baisse notable des transferts des Marocains résidant à l’étranger (-6,2%). Si quelques secteurs, comme les phosphates ou l’aéronautique, parviennent à tirer leur épingle du jeu, cela ne suffit pas à inverser la tendance.

Les finances publiques connaissent néanmoins un léger répit. Le déficit recule à 15,5 MMDH, contre 42,8 milliards un mois plus tôt, grâce à l’amélioration des recettes fiscales et à une baisse des charges de compensation. Mais cette embellie masque une hausse inquiétante du coût de la dette, les intérêts ayant bondi de 65%.

Du côté monétaire, la reprise reste modérée mais constante. L’agrégat M3 progresse de 8% en glissement annuel, soutenu par les dépôts des entreprises (+18,8%), tandis que le crédit bancaire au secteur non financier se raffermit (+3,9%), notamment sous l’effet des besoins croissants des entreprises publiques.

Parallèlement, les réserves officielles poursuivent leur trajectoire ascendante. Elles atteignent désormais 370,9 MMDH, en hausse de 3 milliards en un mois, assurant ainsi une couverture confortable équivalente à 5 mois et 4 jours d’importations. Un matelas de sécurité indispensable face aux incertitudes croissantes. Et c’est précisément dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées que se joue désormais l’avenir économique immédiat. Si avril avait déjà laissé entrevoir un climat international instable, le mois de mai en confirme le durcissement. La montée des antagonismes commerciaux entre Washington et Pékin, alimentée par un regain de mesures tarifaires, fait planer le spectre d’une récession mondiale.

Le FMI, qui évaluait en mars à 17% la probabilité d’un tel scénario, l’a relevée à 30%. Le ralentissement de la croissance américaine (2,1% au T1 – 2025, contre 2,5% au T4 – 2024), accentue encore ces inquiétudes globales. Dans cet échiquier planétaire tendu, le Maroc demeure ainsi relativement exposé.

Les entreprises publiques, seules aux commandes du crédit

Selon Bank Al-Maghrib, le crédit bancaire au secteur non financier a progressé de 3,9% sur un an, tiré presque exclusivement par les entreprises publiques dont l’encours bondit de 11,9%. À l’opposé, le secteur privé enregistre en glissement annuel une hausse timide de 2,1%, ce qui illustre une certaine asymétrie dans les circuits de financement.

Par ailleurs, le taux moyen global des crédits bancaires a reculé à 4,98%, mais cette baisse cache de fortes disparités. Celui des crédits à la consommation s’élève à 7,13%, signe d’un renchérissement du risque pour les ménages, tandis que la promotion immobilière reste plus encadrée autour de 5,49%.

Cette segmentation croissante du marché du crédit témoigne moins d’une volonté stratégique d’accompagner l’économie que d’une prudence accrue des banques, face à des risques très variables d’un secteur à l’autre.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



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