Edito. Le choix de la raison

Certaines décisions semblent si prévisibles qu’elles finissent par inhiber tout débat. Celle de Bank Al-Maghrib (BAM) concernant le maintien du taux directeur en était une.
À quelques jours de la tenue du Conseil de la Banque centrale, l’unanimité était quasiment acquise du côté des analystes. Finalement, BAM a surpris en abaissant son taux directeur de 25 points de base, le ramenant ainsi à 2,25%.
Cette décision, rappelons-le, est la deuxième consécutive et la troisième depuis juin dernier. Réponse aux attentes pressantes du marché ou signe d’un revirement stratégique face à un contexte économique plus fragile que prévu ? Car le vrai débat n’était pas tant de savoir si la Banque centrale allait garder son taux inchangé, mais plutôt si elle pouvait encore se permettre de ne pas agir.
Après tout, la croissance économique peine encore à retrouver son souffle, et si l’inflation a connu un ralentissement en 2024, les projections de l’institution montrent qu’elle pourrait repartir à la hausse dans les prochaines années.
Cette orientation de BAM s’inscrit dans une logique d’assouplissement monétaire prônée par certains acteurs économiques. Ce n’est pas tout, car l’autre bonne nouvelle concerne la mise en place d’un programme spécifique pour encourager le financement bancaire des très petites entreprises (TPE), en leur accordant un accès facilité aux liquidités.
Toutefois, sous la direction d’Abdellatif Jouahri, BAM sait que la politique monétaire a ses limites et que faciliter l’accès au crédit ne garantit pas à lui seul une relance durable.
Bank Al-Maghrib fait sans doute le pari que l’inflation, bien que modérée, restera sous contrôle, et que cette baisse des taux servira de levier supplémentaire pour relancer l’investissement et l’emploi. Pari risqué ou pas, ce qui est certain, c’est que dans un environnement économique incertain, il semble que BAM ait choisi d’agir avant d’être contrainte de le faire.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO