Édito – Rentrée, cette éternelle ritournelle !
À chaque rentrée, les familles revivent la même épreuve, celle du grand rallye scolaire. On court d’une librairie à l’autre, on fait la queue dans des papeteries bondées, on espère mettre la main sur le manuel rare et on s’échange contacts et bons tuyaux pour essayer de comprimer quelque peu la facture des fournitures scolaires. Les pouvoirs publics promettent de corriger le tir… l’année d’après ! Le marché du manuel scolaire ressemble moins à un outil éducatif qu’à une mécanique absurde. D’un côté, des livres subventionnés pour le public, vendus à des prix qui ne couvrent même pas celui du papier. De l’autre, des ouvrages imposés dans le privé, affichés à des tarifs frisant l’indécence. Entre ces deux mondes, les libraires tentent de survivre, coincés entre marges ridicules et concurrence déloyale. Ce chaos n’est pas qu’une question de logistique : il traduit un choix de société. Le manuel scolaire ne peut être réduit à une marchandise interchangeable. Il devrait être ce qu’il n’est plus, le socle d’une égalité des chances, le passeport de tous les élèves vers le savoir. Contraints de suivre le rythme de ce désordre, les ménages subissent chaque rentrée comme une épreuve de patience, un test de débrouillardise et un révélateur d’inégalités. Censée démarrer sur le ton de l’espoir et la confiance, l’année scolaire commence chaque année par une haletante course d’obstacles. Et c’est bien dommage !
Meriem Allam / / Les Inspirations ÉCO
