Opinions

Emploi des étrangers au Maroc : diversité et conformité juridique

Le marché du travail marocain évolue. Depuis quelques années, nous assistons à une présence de plus en plus visible de travailleurs étrangers, en particulier des citoyens subsahariens, employés dans des restaurants, des centres d’appel, des stations de lavage ou encore dans les services de proximité. Cette intégration est un signe d’ouverture et de dynamisme. Mais elle soulève une question fondamentale : le recrutement de ces travailleurs respecte-t-il les exigences de la loi marocaine ?

Le Code du travail est clair. L’article 516 impose à tout employeur souhaitant recruter un étranger d’obtenir l’autorisation de l’autorité gouvernementale chargée du travail. Cette autorisation prend la forme d’un visa ministériel apposé sur le contrat de travail. L’article 517 précise, quant à lui, que ce contrat doit obligatoirement être établi sur le modèle homologué réservé aux salariés étrangers. En l’absence de ce visa, le contrat est considéré comme irrégulier.

La loi a prévu des sanctions. L’article 521 du Code du travail dispose que tout employeur qui occupe un salarié étranger sans autorisation est passible d’une amende de 2.000 à 5.000 dirhams par travailleur concerné. Au-delà de l’amende, l’entreprise s’expose à des contentieux devant les juridictions sociales, pouvant déboucher sur des condamnations à des dommages-intérêts bien plus lourds.

Dans la pratique, la procédure de régularisation est simple mais exigeante. Elle suppose :

  • la conclusion d’un Contrat de Travail d’Étranger (CTE) conforme au modèle officiel,
  • la présentation des pièces d’identité et du titre de séjour du salarié,
  • et, dans certains cas, la production d’un avis de l’ANAPEC pour justifier l’absence de main-d’œuvre locale disponible.

Ce dossier doit être soumis au Ministère du Travail pour visa préalable, et ce, avant toute prise de fonction.

Cette procédure, parfois jugée contraignante, a une finalité protectrice. Elle garantit au salarié étranger un statut clair, lui permettant d’exercer ses droits sociaux et professionnels. Elle protège également l’employeur, en sécurisant la validité du contrat de travail et en le mettant à l’abri de tout litige sur l’existence d’une relation irrégulière.

Dans un Maroc qui affirme de plus en plus sa vocation africaine et son rôle de hub régional, l’intégration de travailleurs étrangers est une réalité appelée à croître. Mais cette ouverture doit se faire dans le respect strict de la loi. La diversité est une richesse, mais la conformité est un impératif. Enfin, le message est simple et ne souffre d’aucune ambiguïté: recruter des talents étrangers, oui — mais dans les règles de l’art. Car la régularité juridique n’est pas un luxe administratif : c’est la condition d’une intégration réussie, durable et respectueuse, au bénéfice des entreprises, des salariés et de l’économie nationale.

 

Maître El Mehdi Ezzouate, avocat au barreau de Casablanca



PLF 2026 : cap sur l’investissement et l’inclusion


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page