Opinions

COP29 : réinventer les modèles économiques mondiaux

Par Dr. Zakaria Abbas
Enseignant-chercheur en stratégie d’entreprise et commerce international à Euromed Business School (EBS) – Université Euro-Méditerranéenne de Fès

La planète est confrontée à une urgence climatique sans précédent, et la COP29, qui s’est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024, a représenté une étape cruciale vers un avenir durable. Dans un contexte où les impacts du changement climatique se manifestent de manière de plus en plus intense, cette conférence a offert une plateforme unique pour engager un dialogue global et impulser des actions décisives. Au cœur des débats, se trouvaient deux leviers essentiels : le commerce international et la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ces deux piliers jouent un rôle fondamental dans la transition écologique en catalysant l’innovation, en redéfinissant les modèles économiques et en renforçant les partenariats mondiaux. Cette tribune explore les enjeux stratégiques de la COP29 et met en lumière les opportunités tant pour les entreprises que pour les nations de collaborer en faveur d’un développement durable.

La COP29 : Une plateforme pour l’action collective
Depuis l’Accord de Paris, les Conférences des parties (COP) se sont affirmées comme un cadre essentiel pour structurer l’action climatique mondiale. La COP29 a porté une double responsabilité : renforcer les engagements des États en matière de réduction des émissions et inciter les acteurs non étatiques, notamment les entreprises, à s’impliquer davantage.

Une avancée majeure de cette édition a été l’accord sur la création d’un fonds de 300 milliards de dollars pour soutenir les pays en développement dans leur lutte contre le changement climatique. Bien que certains aient critiqué ce montant, le jugeant insuffisant, il représente néanmoins une étape significative vers une justice climatique mondiale.

Le Maroc, à travers sa stratégie ambitieuse en matière d’énergies renouvelables, s’impose comme un exemple de leadership climatique. Les initiatives telles que le complexe solaire Noor et les projets d’hydrogène vert démontrent que des solutions innovantes et viables peuvent émerger du Sud global.

Commerce international et transition écologique
Le commerce international, bien que moteur de croissance économique, est également un contributeur significatif aux émissions de gaz à effet de serre. Les chaînes d’approvisionnement mondiales, dépendantes des combustibles fossiles, doivent évoluer pour répondre aux impératifs climatiques. Les discussions de la COP29 ont inclus des propositions concrètes pour intégrer des critères environnementaux dans les accords commerciaux, favorisant ainsi un commerce «vert».

Par exemple, la mise en place de taxes carbone transfrontalières ou la création de labels environnementaux pour les produits exportés peuvent encourager des pratiques durables. Le Maroc, en tant que carrefour stratégique entre l’Europe et l’Afrique, est idéalement positionné pour promouvoir ces échanges durables. En renforçant les partenariats avec des blocs économiques tels que l’Union européenne, il peut devenir un acteur clé dans la mise en œuvre de corridors logistiques bas-carbone.

La RSE au cœur de la stratégie climatique
Les entreprises ont un rôle déterminant à jouer dans la lutte contre le changement climatique. La RSE n’est plus simplement un avantage concurrentiel, mais une nécessité stratégique. Les multinationales et les PME doivent aligner leurs objectifs sur les Objectifs de développement durable (ODD) en adoptant des pratiques ESG (environnementales, sociales et de gouvernance).

Les banques marocaines, par exemple, ont récemment intensifié leur engagement environnemental en introduisant des produits financiers verts et en soutenant des projets liés à la transition énergétique. Ces initiatives, bien que louables, doivent être généralisées pour maximiser leur impact. À la COP29, des mesures incitatives, telles que des allégements fiscaux pour les entreprises adoptant des pratiques durables, pourraient accélérer ce processus.

Intégrer la durabilité dans la stratégie d’entreprise
Au-delà des obligations réglementaires, les entreprises doivent repenser leurs modèles d’affaires pour intégrer la durabilité. Les approches innovantes, telles que l’économie circulaire, offrent des solutions prometteuses pour réduire les déchets et maximiser l’utilisation des ressources. Les avantages concurrentiels sont également notables : les consommateurs, de plus en plus conscients des enjeux environnementaux, privilégient les marques engagées. Investir dans des technologies propres ou collaborer avec des start-up innovantes peut ouvrir de nouvelles opportunités de marché.

Pour le Maroc, la COP29 pourrait être l’occasion de lancer des incubateurs dédiés aux solutions vertes, favorisant ainsi l’émergence de champions nationaux dans le domaine de l’innovation durable. La COP29 représente bien plus qu’une conférence internationale : elle est un moment charnière pour définir les contours d’un avenir collectif résilient et durable. Les gouvernements, les entreprises et les citoyens doivent saisir cette opportunité pour aligner leurs actions sur des objectifs climatiques ambitieux.

Le Maroc, par sa position géostratégique et son leadership en matière de transition énergétique, peut jouer un rôle moteur dans cette transformation. Faire de la durabilité une priorité stratégique, tant au niveau national qu’international, est non seulement une nécessité environnementale, mais aussi un impératif économique.



Gouvernance des EEP : une réforme en profondeur se prépare


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page