Éco-Business

Marché du travail. L’intermédiation active en ligne de mire

Dans un paysage économique marocain confronté à des défis persistants en matière d’emploi, le rapport récent du think tank Policy Center for the New South met en lumière l’importance stratégique de l’intermédiation active pour stimuler le marché du travail et les moyens de renforcer l’efficacité de ces mécanismes.

Le rapport du think tank Policy Center for the New South, intitulé «L’intermédiation active : un levier de performance pour le marché du travail au Maroc» propose une approche novatrice pour surmonter les défis plombant le marché de l’emploi, en mettant l’accent sur l’intermédiation active comme instrument clé de réforme.

L’intermédiation active ne se limite pas à mettre en relation les chercheurs d’emploi avec les employeurs. Elle implique une démarche plus proactive, visant à préparer les candidats en leur offrant une formation adaptée, en leur fournissant des conseils personnalisés, et en les soutenant tout au long du processus d’intégration sur le marché du travail.

Ce concept, bien qu’éprouvé dans plusieurs pays, reste encore sous-exploité au Maroc, où les structures d’intermédiation existantes, telles que l’ANAPEC, peinent à répondre efficacement à la demande croissante d’emplois de qualité.

Les limites de l’intermédiation

En effet, bien que couvrant tout le territoire marocain, avec 96 agences, l’ANAPEC présente un ratio supérieur à un conseiller pour 2.000 chômeurs et à un conseiller pour 1.000 chômeurs ayant un diplôme de niveau supérieur, dépassant les recommandations internationales de 1 conseiller pour 250-500 personnes. De plus, «il existe un décalage significatif entre la répartition des agences ANAPEC et celle des chômeurs. Casablanca-Settat, bien que représentant 18% de la population de plus de 15 ans et 21% de la population active, absorbe 24% des chômeurs, avec un ratio de 26.114 chômeurs par agence. Cela révèle une pression disproportionnée sur cette région», indique le rapport.

Le rapport s’intéresse également aux agences privées de recrutement qui jouent un rôle crucial dans le marché du travail marocain, en facilitant l’accès à l’emploi pour de nombreux candidats et en répondant aux besoins spécifiques des entreprises. Selon les données disponibles, ces agences sont particulièrement sollicitées dans les secteurs techniques comme l’ingénierie et les technologies de l’information, où la demande de compétences spécialisées est élevée.

Toutefois, elles font face à plusieurs défis. La pression pour fournir des résultats rapides peut parfois compromettre la qualité du processus de recrutement, affectant la sélection des candidats et augmentant le risque d’inadéquation entre les compétences recherchées et celles offertes. De plus, la réglementation croissante en matière de protection des données personnelles ajoute une complexité supplémentaire à leurs opérations.

Par ailleurs, le rapport, réalisé grâce au soutien de la Banque mondiale dans le cadre de la phase II du projet Diagnostic de l’emploi au Maroc (Morocco Jobs Diagnostic – phase II), met en lumière les lacunes actuelles du système d’intermédiation au Maroc, notamment l’inadéquation entre les compétences des chercheurs d’emploi et les besoins des entreprises.

Cette inadéquation, souvent appelée «mismatch», est exacerbée par la faiblesse des infrastructures de formation continue et par un manque de coordination entre les différents acteurs du marché de l’emploi. Le recours à l’ANAPEC par les entreprises n’est que de 7%, révèle la même source, notant que celles ayant le plus recours sont les grandes entreprises à 31%.

Partenariat public-privé

Pour remédier à ces problèmes, le rapport propose plusieurs pistes d’action, parmi lesquelles l’amélioration de la coordination entre les politiques de l’emploi et les politiques éducatives, ainsi que la création de passerelles plus solides entre l’éducation formelle et le marché du travail.

L’une des propositions les plus innovantes du rapport concerne l’intégration des nouvelles technologies dans le processus d’intermédiation. En s’appuyant sur les avancées en matière d’intelligence artificielle et d’analyse de données, le Maroc pourrait développer des plateformes numériques capables de matcher plus efficacement les offres et les demandes d’emploi.

Ces plateformes pourraient également offrir des services de conseil et de formation en ligne, rendant l’intermédiation plus accessible, notamment pour les populations rurales ou marginalisées. Le rapport souligne également l’importance de la personnalisation dans l’intermédiation active.

Chaque chercheur d’emploi est unique, avec des compétences, des aspirations et des contraintes spécifiques. Une approche standardisée ne peut donc pas répondre aux besoins de tous. C’est pourquoi il est crucial de développer des services d’accompagnement individualisés, qui prennent en compte non seulement les compétences techniques, mais aussi les soft skills, de plus en plus valorisées par les employeurs.

En outre, le rapport plaide pour une plus grande collaboration entre les secteurs public et privé dans la gestion du marché du travail. Le secteur privé, en tant que principal pourvoyeur d’emplois, doit jouer un rôle central dans la définition des programmes de formation et dans l’évaluation des besoins en compétences. Cette collaboration pourrait également se matérialiser par des partenariats public-privé pour la création de centres de formation spécialisés ou de programmes de mentorat.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO



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