Boom du e-commerce : quels défis et enjeux pour le secteur ?
La croissance du numérique – ou du tout digital – a été propulsée par le déclenchement de la crise sanitaire. Avec l’utilisation massive des nouvelles technologies, la transformation numérique apparaît comme l’un des plus puissants leviers de croissance de l’économie marocaine. Les acteurs publics et privés se sont lancés dans des stratégies de transformation digitale pour être au plus près du client. Le e-commerce représente ainsi une partie intégrante de ces différentes stratégies.
Le e-commerce a affiché une croissance fulgurante ces dernières années, les applications ayant fleuri un peu partout. Désormais, le client marocain est capable de ce procurer ce qu’il veut, quand il veut et où il veut. Comment l’activité du e-commerce s’est développée à date, quelle infrastructure a été mise en place par les acteurs publics nationaux pour faciliter sa croissance, comment le secteur privé a contribué à cette croissance, et quels sont les défis à venir? Autant de questions qui se posent pour un secteur qui a vu son activité boosté par la crise sanitaire. Mais le développement du e-commerce ne date pas de seulement deux ou trois ans. Les initiatives gouvernementales et privées se sont multipliées pour lui assurer une croissance continue mais dans les règles de l’art.
Les opportunités économiques du e-commerce
Le commerce électronique offre de nouvelles opportunités en termes de croissance économique et de création d’emplois, et constitue un facteur important d’inclusion sociale. «Il aide aussi les petites entreprises à accéder plus facilement aux marchés internationaux et à créer de nouvelles sources de revenus», nous affirme-t-on auprès du ministère du Commerce et de l’industrie. Ce type de commerce a connu une croissance spectaculaire au Maroc ces dernières années, son chiffre d’affaires ayant progressé de 743 millions de dirhams (MDH) en 2012 à 15 milliards de dirhams (MMDH) en 2021, enregistrant un taux de croissance annuel moyen de 40%. Il est certain que cette évolution a été accélérée par la pandémie de Covid-19, laquelle a contribué à une prise de conscience des acteurs du commerce et de la distribution, de différentes tailles, quant au potentiel du commerce électronique. Ceci s’est traduit, notamment, par l’ouverture de boutiques en ligne et la proposition de service de livraison à domicile.
Parmi les raisons qui ont fait que le secteur affiche une forte croissance, figure aussi l’accompagnement des pouvoirs publics. Les responsables du ministère du Commerce et de l’industrie expliquent, dans ce sens, que «le Maroc dispose d’un environnement favorable au développement du e-commerce en raison de plusieurs facteurs, dont un taux de pénétration d’Internet élevé (93% selon l’ANRT), la progression soutenue du taux de bancarisation de la population et une nouvelle génération de consommateurs passionnés par les réseaux sociaux et les nouvelles technologies».
Un cadre réglementaire adapté
Le Maroc s’est engagé, en effet, à créer les conditions nécessaires pour le développement de ce secteur, appréhendant ainsi les enjeux et les potentialités qu’offre le commerce électronique pour l’économie nationale. Ceci passe à travers plusieurs actions concrètes. Le gouvernement a élaboré un cadre juridique complet comprenant un ensemble de lois pertinentes qui concerne tous les aspects du commerce électronique, en particulier le Code de commerce, à travers la loi n° 15-95, mais aussi la protection des consommateurs, grâce à la loi n° 31-08 du 18 février 2011 édictant des mesures de protection du consommateur.
Pour le volet du paiement en ligne, la loi n° 34-03 et la loi n° 103-12, relatives aux Établissements de crédit et organismes assimilés, viennent aussi règlementer les transactions (loi bancaire). Pour ce qui est de la protection des données personnelles, un volet important dans la réussite du commerce électronique, la loi n° 09-08 du 18 février 2009 vient légiférer l’aspect de la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel. La loi n° 53-05 relative à l’échange électronique de données juridiques vient, pour sa part, assurer l’aspect de l’échange électronique des données. Les infractions relatives aux systèmes de traitement automatisé des données sont aussi régies par la loi n° 07-03 complétant le Code pénal, et enfin la Cybersécurité est réglementée par la loi n° 05-20.
Renforcement de la digitalisation du commerce
Dans le cadre de l’intégration des commerçants aux plateformes digitales des locomotives nationales, le ministère a tissé des partenariats avec trois locomotives du commerce électronique sur le marché marocain, en vue de former les commerçants indépendants au marketing digital et de les initier à ce type de commerce.
Ainsi, Glovo, Jumia et plus récemment Avito, se sont engagés à eux trois, à intégrer 16.000 commerçants sur leurs plateformes de vente en ligne pour leur permettre de réaliser un chiffre d’affaires additionnel de 15 à 20%. «La mise en œuvre de ces trois conventions devrait générer la création de près de 11.000 emplois directs et indirects, à l’horizon 2025», est-il confirmé auprès du ministère de tutelle.
Pour ce qui est du renforcement des capacités d’innovation dans le commerce électronique, le ministère a mis en place, en partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique et la Fondation OCP, le «Moroccan retail tech builder», une plateforme d’incubation et d’accélération de startups digitales dans le secteur du commerce, pour l’émergence de champions nationaux à forte valeur ajoutée, et pour stimuler le développement d’outils digitaux innovants au service des commerçants et des consommateurs. Selon les responsables du ministère, «L’objectif derrière cette plateforme est d’accompagner une centaine de porteurs de projets, de la phase d’idéation jusqu’à la phase d’accélération, et de favoriser ainsi la diffusion de solutions digitales innovantes.»
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO