Africa agri forum : la souveraineté alimentaire au cœur du débat
Les travaux de la 8e édition de l’Africa agri forum, qui ont commencé aujourd’hui, à la station de Taghazout, devront débattre de l’épineuse question de la souveraineté alimentaire. 400 acteurs clés du secteur agricole africain y participent avec comme objectif d’identifier les pistes de solutions aux défis économiques et alimentaires auxquels est confronté le continent africain.
Flambée des prix des matières premières, sécheresses récurrentes et fluctuations des récoltes et des rendements agricoles…, la crise post-covid a engendré des perturbations importantes dans les marchés alimentaires au niveau international, replaçant, une nouvelle fois, la question de l’alimentation et de l’agriculture au centre des préoccupations politiques et économiques des gouvernements, notamment africains. La prise de conscience est désormais généralisée quant à la fragilité des systèmes de production et d’approvisionnement et au caractère vital de la filière alimentation.
L’Afrique s’est trouvée au cœur de cette crise alimentaire sans précédent, qui a remis sur le devant de la scène la priorité de la souveraineté alimentaire, devenue une urgence pour les pays du continent. Face à cette situation, les travaux de la 8e édition de l’Africa agri forum, qui ont commencé aujourd’hui, à la station de Taghazout, devront débattre de ce sujet sensible avec la participation de près de 400 acteurs clés du secteur agricole africain. L’objectif étant d’identifier les pistes de solutions aux défis économiques et alimentaires actuels.
À noter que l’édition 2022 de ce Forum s’invite, après une décennie d’absence, en Afrique du nord, les sept précédentes éditions s’étant tenues à Abidjan, Libreville et Yaoundé. Signalons également que la Mauritanie, présente avec une importante délégation, a été désignée en tant que pays invité d’honneur, confirmant ainsi la vocation panafricaine de ce Forum. Cette rencontre sera l’occasion d’approfondir, notamment, les axes prioritaires pour le développement du secteur agricole africain dans le cadre d’une coopération Sud-Sud.
Renforcer la coopération Sud-Sud et l’intégration régionale
Il va sans dire qu’avec la crise alimentaire qui secoue actuellement le continent, les pays africains n’ont d’autre alternative que de renforcer leur coopération dans le cadre de l’intégration régionale et continentale. Ceci permettra au continent de tirer profit du potentiel agricole dont il dispose tout en facilitant le commerce des produits agricoles entre les pays concernés.
Pour rappel, l’Accord de libre-échange interafricain est entré en vigueur le premier janvier 2021, conformément aux engagements pris par les États ayant signé et ratifié le texte de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). En marge de cette édition, et en partenariat avec le Conseil régional du Souss-Massa et la section régionale de la CGEM, une attention particulière sera accordée à ce territoire à forte vocation agricole qui représente plus de 65% des exportations des maraîchers, primeurs et agrumes au niveau national.
À noter dans ce sens qu’un pavillon a été dédié à ce territoire, dans le cadre de cette édition 2022 de l’Africa agri forum. Afin de mieux capitaliser sur le potentiel qu’offre cette Région exportatrice vers les marchés de l’UE, l’Amérique du nord et l’Afrique subsaharienne, une table ronde lui sera dédiée pour présenter ses avancées agricoles.
Parmi lesquelles on peut citer la captation de la valeur ajoutée à travers la consolidation de la part de l’industrie agroalimentaire. Sur plus de 6,256 MMDH d’investissement validés en 2022 (bilan provisoire), le secteur agroalimentaire en a accaparé plus de 2,2 MMDH, soit 37% du total. Il s’est hissé de ce fait à la première place, non seulement en matière d’investissements captés, mais aussi d’emplois prévus et de foncier industriel acquis.
Conférer une dimension africaine à la ZAI du Souss-Massa
Dans le cadre de sa mission de promotion de l’investissement dans le territoire du Souss-Massa, la CGEM régionale saisira l’occasion de la tenue de ce Forum pour déployer sa vision du partenariat économique avec le continent africain, principalement pour ce qui est du volet lié à la mise en place de solutions logistiques directes à travers des lignes maritimes reliant le port d’Agadir à ceux de l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit de conférer une dimension africaine à la Zone d’accélération industrielle (ZAI) du Souss-Massa.
Aujourd’hui, les tendances des importations mondiales montrent que l’Afrique de l’Ouest se positionne comme un marché prometteur. Les fruits et légumes sont les premiers produits importés par cet ensemble régional alors que les quatre principaux pays importateurs sont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et la Mauritanie. Ces pays côtiers réexportent essentiellement vers les pays enclavés, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Toutefois, les principaux fournisseurs qui profitent de cette dynamique sont le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Afrique du Sud. C’est la raison pour laquelle cet événement, de dimension africaine, donnera aussi l’occasion aux entreprises de la Région de se rapprocher de leurs homologues de tout le continent pour nouer des relations commerciales, débattre et échanger sur les meilleures opportunités et potentialités que présente la plateforme africaine.
Rappelons que l’Africa agri forum, créé en 2012, constitue l’évènement annuel et régional majeur de l’agriculture en Afrique francophone. Cette 8e édition a été initiée par One Africa Forums sous l’égide du ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, en partenariat avec OCP Africa et avec l’appui de l’Union africaine, de la Région Souss-Massa et de la CGEM Souss-Massa.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO