Dialogue national de l’urbanisme et de l’habitat : pour un logement plus qualitatif
Mettre à plat les problématiques liées à la planification urbaine, à la production de logements décents et à la gouvernance. Tel est l’objectif du Dialogue national de l’urbanisme et de l’habitat qui incite les citoyens à l’échelle nationale à pointer du doigt les défaillances d’un système qui n’arrive pas à mettre fin aux logements insalubres. D’où le lancement des concertations régionales qui ont démarré récemment.
Le droit au logement est un droit fondamental reconnu également comme un droit social et économique. Or, ce droit est régi par la loi du marché. Mais il a fallu que la crise de la Covid-19 passe par là pour se rendre à l’évidence qu’un État social dispose de bases plus solides. Dès lors, le Maroc a œuvré d’arrache-pied pour renforcer le pouvoir de l’État-providence.
D’ailleurs, de grands chantiers ont été lancés sous l’impulsion de la plus haute instance du pays, tels que la généralisation de la couverture sociale à l’ensemble de la population. Et comme le logement est également un droit social, le département de l’Habitat s’est imprégné de l’initiative et vient de lancer un nouveau modèle de développement spécifique à l’habitat et l’urbanisme, une première au Maroc. Il s’agit d’un programme qui a pour objectif de permettre aux citoyens de bénéficier d’un logement décent et de qualité ainsi qu’à encourager l’investissement productif. A cet effet, le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville a lancé récemment le Dialogue national de l’urbanisme et de l’habitat.
Revalorisation du patrimoine
Les facteurs exogènes et endogènes actuels ont chamboulé tous les paradigmes. Ce qui incite à réfléchir à la manière d’appréhender le social et dont le logement est une partie intégrante. Ainsi, le département de tutelle insiste sur la revalorisation du patrimoine bâti à travers les nouvelles initiatives entreprises. Ces dernières consistent à élaborer un programme d’appui pour la promotion de territoires ruraux inclusifs et résilients ainsi qu’à la mise en place d’une approche intégrée visant la sauvegarde et la revalorisation du patrimoine en question.
Dans le même sillage, il est également question de mettre en place un cadre de référence national pour un développement urbain transparent, équitable, durable et incitatif, susceptible de proposer une offre en logements tout en prenant en compte les exigences sociales, économiques et territoriales. Et pour y parvenir, le programme consiste à mener des concertations visant à réduire les disparités territoriales et à opérer une rupture avec les politiques publiques, qui ont montré leurs limites, tout en capitalisant sur les acquis et en adoptant de nouveaux paradigmes. La planification territoriale et la production d’espaces de vie se trouvent en première ligne pour accompagner cette transition urbaine et concrétiser ces transformations aux différentes échelles, régionale, métropolitaine, communale et auprès des diverses unités de voisinage.
L’ampleur des défis à venir impose la recherche de nouveaux modèles de planification et de modes d’habiter plus qualitatifs et plus innovants. «La dynamique insufflée exige une planification fondée sur des outils innovants avec une capacité croissante en termes d’accompagnement et d’appui technique aux collectivités territoriales, aux investisseurs comme aux citoyens, en vue de conjuguer toutes les initiatives pour soutenir le processus de développement de notre pays, après une crise sanitaire et économique», indique la ministre de tutelle, Fatima Ezzahra El Mansouri.
En effet, ce dialogue permettra d’apporter de nouvelles réponses aux multiples attentes exprimées par les citoyens et les investisseurs par rapport au coût du logement, à la démocratisation de l’accès au logement, la stimulation du secteur locatif, la prise en compte des aspects qualitatifs et de durabilité ainsi que l’intégration des notions de mixité sociale. Le respect de l’équité sociale et spatiale doit reposer sur une meilleure connaissance des territoires et des outils d’intervention spécifiques et ciblés localement.
Aussi, dans le cadre de la mise en œuvre de la régionalisation avancée et de la déconcentration, le Dialogue national sur l’urbanisme et l’habitat a tenu 12 rencontres dans les 12 régions du pays, qui ont accueilli 4.000 participants regroupant les élus, les professionnels, les investisseurs, les experts ainsi que les représentants de la société civile.
C’est dans un souci d’être à l’écoute des territoires, de l’échelle communale à l’échelle régionale et nationale que ces concertations ont été tenues avec pour finalité de co-construire une vision commune innovante. En effet, la démographie galopante et l’urbanisation fulgurante que connaît notre pays se traduisent par une forte demande en matière de logements, d’équipements et de services. Cette situation interpelle les pouvoirs publics à préparer davantage les territoires à la réception de ce nouveau flux urbain, d’encadrer le secteur immobilier, de cibler la production de logements, et d’accélérer les efforts de résorption du déficit en habitat.
Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO