Transformation digitale : le Maroc s’en sort bien
Le Maroc a pu s’adapter aux changements et reste bien positionné dans la région Mena, notamment en matière de dépenses IT, selon l’étude réalisée par IDC. Éclairage.
On ne le dira jamais assez. La pandémie de la Covid a changé tous les paradigmes. Et le rebond digital se place en tête de peloton. Certes le Maroc ne déroge pas à la règle, mais les études confortent le constat qu’il reste bien du chemin à parcourir tel que précisé dans notre édition du 8 juin dernier.
Pour s’enquérir de l’évolution de l’environnement digital dans la région Mena, le cabinet d’étude international IDC a mené une étude approfondie sur la transformation digitale allant de la période 2020 à 2022 avec un focus sur quatre pays, dont le Maroc. Et le 1er Forum de la transformation digitale, co-organisé par Orange et Huawei, a été l’occasion de revenir sur les résultats scandés.
L’expert IDC, Melih Murat, a commencé par dresser un topo sur l’environnement entrepreneurial et les opportunités qui s’offrent à elles en matière de développement numérique. Pour stimuler l’aura, l’étude a dévoilé, dans un premier temps, les réalisations enregistrées par des firmes internationales en termes de ventes digitales.
À titre d’exemple, pour la chaîne de fast food McDonald’s, le chiffre d’affaires réalisé sur ce créneau est estimé à 13 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre 2021 sur 90 millions, soit 14,4% du CA global. Même son de cloche du côté de General Motors qui a affiché ses appétences pour les services digitalisés et ambitionne de générer entre 20 et 25 milliards de dollars de revenus annuels d’ici 2030. Gros moyens, grosses ambitions.
Vers des entreprises plus disruptives
Mais ce n’est pas le cas de toutes les entreprises de la région Mena, bien que, pandémie oblige, bon nombre d’entreprises notamment se sont mises au diapason du progrès technologique. En effet, le rapport indique que les dépenses IT se sont maintenues, en 2020, en dépit d’une conjoncture morose. Le constat est sans équivoque, la pandémie a incité les entreprises à franchir le pas et être plus disruptives.
Dans le même contexte, l’enquête s’est également attardée sur l’évolution du PIB sur la période 2020-2021-2022. Il en ressort que seule l’Arabie Saoudite arrive à tirer son épingle du jeu. Du côté du Maroc, les investissements s’avèrent importants, notamment dans le secteur de l’automobile, des mines ou encore de l’agriculture.
«Le maintien de l’IT en 2020 avec une baisse de 4%, moins forte que celle du PIB marocain qui a chuté de 6,3%», dixit IDC. Certes, des challenges sont à relever, mais le pays évolue sous de bons auspices, à condition d’amplifier ses investissements, toujours selon l’expert IDC. Preuve en est, les perspectives d’évolution des dépenses IT à court et long terme (2021-2025). Il en résulte que l’indicateur de croissance du PIB a enregistré une évolution de 8,9%.
Des dépenses en services IT en souffrance
En revanche, la répartition des dépenses IT entre Software, Hardware et Services IT ne favorisent pas beaucoup le Maroc. Les analyses montrent que les projets de transformation complexes requièrent des services IT avancés.
Or, le Maroc reste loin du compte avec seulement 25% des dépenses consacrés aux services IT. Un taux relativement dérisoire en comparaison avec d’autres pays dont les dépenses dépassent les 50%, à l’instar de la France ou encore de l’Arabie Saoudite.
Sur le critère de l’adoption des technologies émergentes, le Maroc occupe la 90è position à l’échelle internationale, mais arrive à se rattraper en matière de publications scientifiques et se place au 31è rang.
«Pour le Maroc, on constate un progrès remarquable, en l’occurrence sur le plan de l’adaptation aux TIC ou de la connectivité», commente l’expert IDC. Par ailleurs, l’efficacité opérationnelle et le renforcement des effectifs demeurent des priorités.
En effet, dans cette optique, l’enquête a soulevé que la difficulté à recruter ou à retenir les talents en zone Mena, plus particulièrement au Maroc, représente un défi majeur. Le cabinet d’étude recommande ainsi d’adopter un changement du modèle de l’entreprise, de mindset, de culture et de processus de prise de décision et d’automatisation des opérations.
Passer au Cloud public s’avère également un impératif pour asseoir le changement. Les analyses montrent que 12,6 milliards de dollars seront alloués aux services Cloud à l’horizon 2025. Parmi les recommandations adressées aux entreprises figure également l’instauration d’une stratégie de transformation digitale à long terme alignée sur les objectifs commerciaux et l’adoption du Cloud hybride comme pilier fondamental et accélérateur du parcours de transformation numérique.
Pour les gouvernements, IDC insiste sur la bonne exécution des plans nationaux de TIC à travers une gouvernance forte, le renforcement de partenariats public-privé ou encore l’élaboration d’une feuille de route des technologies émergentes.
Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO