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Budget 2021 : le PLF fait sauter les garde-fous

CDG Capital revient sur le projet de loi de Finances 2021 qui s’inscrit dans des contextes économiques national et international exceptionnels, et dans un environnement sanitaire incertain. L’exercice budgétaire se révèle difficile à réaliser, compte tenu du creusement du déficit en 2020 et des ambitieux objectifs économiques et sociaux fixés pour 2021.

Le projet de loi de Finances (PLF) 2021 intervient dans un contexte ayant des répercussions néfastes sur la croissance économique et l’équilibre des finances publiques. La situation est d’autant plus dramatique, lorsqu’elle vient s’ajouter à deux années de sécheresse dans le pays, une forte détérioration de la récolte céréalière et un affaiblissement du taux de remplissage des barrages à un niveau historiquement bas. Cet exercice budgétaire se révèle très difficile à élaborer compte tenu du creusement du déficit en 2020 et des ambitieux objectifs économiques et sociaux fixés pour 2021.

Selon les dernières prévisions du ministère de l’Économie et des finances, le déficit public pour l’année 2020 devrait atteindre 7,5% du PIB contre 3,5% initialement prévus par la loi de Finances, et l’endettement public devrait s’établir à 75,5% du PIB contre 64,8%, soit un décalage de 10,7 points de pourcentage.

Selon les analystes de CDG Capital, l’ensemble de ces paramètres rendent encore plus difficile l’élaboration de la loi puisque celle-ci doit composer avec plusieurs garde-fous institutionnels. Elle doit en l’occurrence tenter de maintenir l’équilibre entre les charges et les recettes courantes, comme stipulé dans le cadre de la loi organique relative à la loi des Finances (LOF) de 2015, qui interdit l’endettement pour financer la partie ordinaire des dépenses. Les efforts de l’État doivent également être dirigés vers la restauration de l’équilibre budgétaire via une réduction graduelle du déficit et de l’endettement publics, après les niveaux historiquement hauts attendus à fin 2020. Parallèlement à cela, d’importants besoins en investissement seront nécessaires pour accompagner certains secteurs prioritaires en cette période difficile, particulièrement la santé et l’éducation. À noter que la mise à niveau sociale devrait également passer par l’élargissement de la couverture médicale. À cela s’ajoute l’effort de relance de l’économie qui doit s’appuyer sur une politique budgétaire contracyclique. Tout ceci pousserait l’État à recourir de plus en plus à l’endettement. D’autant plus que les niveaux de croissance et d’inflation pour les années à venir donneraient des rallonges limitées pour le déficit et l’endettement évalués sur la base du PIB nominal.

De l’autre côté, «le fort recul des recettes fiscales face à des besoins importants du Trésor public semble compliquer la mission de garder l’équilibre de la partie ordinaire ainsi que de réduire le déficit et l’endettement publics», commente la banque d’affaires. Pour ce qui est des hypothèses d’élaboration, CDG Capital estime que le PLF 2021 fait preuve d’un grand optimisme, tablant sur une reprise en «V» aussi bien au niveau national que chez nos partenaires commerciaux. Une relance qui devrait être soutenue par un retour de la demande étrangère adressée au Maroc de 12,6% (contre un recul historique de 22,4% estimé pour l’année 2020) ainsi que par une orientation favorable des prix des matières premières et énergétiques en 2021. Le prix du pétrole et le cours de la tonne de gaz butane devraient connaître une légère hausse, bien qu’ils restent largement en dessous des niveaux enregistrés au cours des années 2017 et 2018. Parallèlement, la parité euro-dollar devrait rester quasi stable comparativement à la moyenne enregistrée au cours des dix premiers mois de 2020, soit dans une fourchette de 1,12 à 1,13.

Dans ces conditions, et sur la base d’une croissance nominale du PIB de 5,8%, dont 4,8% de croissance réelle et 1% d’inflation, l’État vise à réduire le déficit budgétaire de 1% à 6,5% du PIB en 2021. Parallèlement, plusieurs réformes sont prévues afin de renforcer et structurer le rôle de l’État dans cette nouvelle stratégie de relance. Celles-ci visent essentiellement la protection de l’industrie locale – particulièrement pour certains articles à faible apport technologique – ou encore l’amélioration des recettes de l’État affectées par la Covid-19 et ayant induit une réduction du potentiel d’encaissement. Cela passera aussi bien par la hausse des taxes sur certains produits de luxe, y compris le tabac et les boissons alcoolisées, que par la suppression de certaines exonérations et l’instauration d’une taxe de solidarité. Les réformes de l’État tiennent également à exonérer le cadre fiscal pour les entreprises et établissements publics en vue de faciliter la restructuration du secteur public et l’amélioration de la gouvernance. Le recrutement des jeunes diplômés est également encouragé.

Aida Lo / Les Inspirations Éco



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