L’impact du confinement prolongé sur la famille (conférence)
Dans le cadre de son cycle « Échanger pour mieux comprendre » spécial Covid-19, la Fondation Attijariwafa bank a diffusé ce jeudi 16 juillet 2020 sur la chaîne Youtube d’Attijariwafa bank, sa sixième conférence digitale sous le thème : « Du confinement au déconfinement : quels impacts sur la relation parents/enfants ? ».
Cette rencontre a virtuellement réuni Mme Houda Hjiej, Pédopsychiatre ; Mme Houda Sayegrih, Psychomotricienne ; Mme Sonia Benkabbou, Psychologue ; et M. Karim Ouali, Médecin nutritionniste.
Sous la modération de Mme Houda Farrahe, Coach et Directrice de l’Académie Internationale de Formation, les quatre spécialistes, selon leurs champs d’expertise respectifs et à la lumière des consultations avec leurs patients, ont, tour à tour, dressé un état des lieux de cette situation inédite sur les enfants ainsi que sur leurs parents. Le déclenchement brutal de l’épidémie du Covid-19 et les mesures sanitaires mises en place très rapidement par les autorités ont bouleversé la vie de famille et le prolongement de l’effet de surprise a suscité angoisse et anxiété, surtout chez les enfants. « Dès le 2e mois de confinement, il y a eu une recrudescence des demandes de consultations. Lors du premier mois, avec l’arrêt des écoles, les enfants pensaient être en vacances. Mais face au prolongement du confinement, deux symptômes principaux sont apparus : l’agitation réactionnelle et les troubles attentionnels dus à leur surexposition aux écrans. Les enfants n’ont pas les bons mots pour expliquer ce qu’ils ressentent, c’est leur corps qui a pris le relais pour exprimer leur anxiété », analyse Mme Houda Sayegrih.
De leur côté, les adolescents et pré-adolescents ont également eu leur part de souffrance. Mme Houda Hjiej fait état d’une « hausse des hospitalisations, des cas de tentatives de suicide et des troubles de conduite ». Selon elle, « les adolescents ont besoin de se mettre en retrait pour s’autoréguler, or le confinement ne leur a pas donné cette possibilité de s’extraire pour réguler leurs émotions. Mais il faut reconnaître que sans les réseaux sociaux, l’impact aurait été plus grave. Les adolescents ont ainsi réussi à garder un contact avec l’extérieur, les réseaux sociaux étaient leur seule échappatoire ».
À l’échelle familiale, cette situation inédite a surtout pesé sur les femmes qui ont dû jongler entre plusieurs responsabilités (familiales, professionnelles, scolaires…). Aussi, l’effet négatif du télétravail n’est pas à négliger dans le sens où il a pris de l’ampleur dans l’espace-temps. De ce fait, il n’y avait plus de limite entre vie professionnelle et vie personnelle. Cette nouvelle réorganisation a eu un impact certain sur la vie de couple et sur la dynamique familiale. « Cette situation exceptionnelle a pris les parents de court, et son prolongement a suscité beaucoup d’inquiétude chez les parents, et plus particulièrement chez les femmes, qui ont eu à gérer leur angoisse personnelle, l’angoisse permanente liée à leur propre finitude et le stress lié au travail. À travers mes consultations, j’ai aussi constaté une hausse des violences conjugales et des violences sur les enfants », souligne Mme Sonia Benkabbou.
Ensuite, tout en félicitant les autorités pour leur réactivité et leur gestion efficace de cette crise sanitaire, les intervenants n’ont pas manqué d’analyser la place des parents et des enfants dans l’adoption des mesures de prévention. « Du point de vue de l’urgence sanitaire, le Maroc a très bien réagi. Mais les enfants sont les grands oubliés du Covid-19. Rien n’a été fait pour eux, à part l’enseignement à distance. Les parents ont dû se débrouiller avec les moyens du bord » confie M. Karim Ouali. Dans ce sens, les quatre panélistes ont formulé des recommandations, pour cette période de déconfinement mais aussi dans le cas où l’on serait amené à revivre une situation similaire. Ils ont insisté sur la nécessité d’ouvrir des espaces de parole pour les enfants pour qu’ils puissent exprimer leur vécu, et de produire des spots de sensibilisation destinés aux enfants et aux parents.
Enfin, cette conférence a été l’occasion de prodiguer des conseils aux parents pour les accompagner durant cette phase de déconfinement et de reprise de l’activité. Pour réduire l’impact du confinement prolongé, M. Karim Ouali recommande quatre mesures importantes pour garder un bon rythme de vie : favoriser un régime alimentaire équilibré, garder un rythme habituel des repas, faire de l’exercice physique au moins 30 minutes par jour, dormir tôt et se lever tôt. Pour sa part, Mme Benkabbou insiste sur la nécessité de se préserver et de garder un bon équilibre entre les différents domaines de notre vie (famille, travail), sans oublier de garder du temps pour soi. Quant à Mme Sayegrih, elle recommande aux parents d’être vigilants au temps passé devant les écrans, de rétablir le rythme de leurs enfants en favorisant leur autonomie et en leur donnant un canal d’expression, et de ne pas craindre que leurs enfants s’ennuient. Enfin, pour éviter l’isolement des adolescents, Mme Houda Hjiej préconise aux parents de les aider à réactiver leur vie sociale dans la vie réelle pour éviter de tomber dans le piège de la facilité que leur confère les réseaux sociaux.
À travers ce nouveau format de conférences et ses diverses actions citoyennes, la Fondation Attijariwafa bank démontre, une fois de plus, sa volonté de favoriser la proximité avec l’ensemble des citoyens, tout en soutenant un débat constructif autour de thématiques d’actualité qui concernent l’avenir de notre pays.