Maroc

Agadir/11e Salon international des produits du terroir : un levier de durabilité sous contrainte hydrique

Du 25 au 30 juillet, Agadir accueille le 11e Salon international des produits du terroir, sous le signe de la rareté de l’eau. Dans un contexte climatique tendu, cet événement met en lumière l’enjeu stratégique de valorisation locale des ressources agricoles tout en interrogeant les limites du modèle actuel face au stress hydrique.

Le 11e Salon international des produits du terroir, qui se tiendra à Agadir du 25 au 30 juillet, s’inscrit dans un contexte économique et environnemental marqué par la rareté croissante des ressources en eau. L’événement, organisé par le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, interroge directement la résilience du modèle agricole local à travers le thème : «Produits du terroir et rareté de l’eau… Quelles solutions pour la durabilité ?».

Avec plus de 230 exposants attendus sur 4.500 m² d’exposition, cette édition ambitionne de réunir près de 145.000 visiteurs. Elle mettra à l’honneur des filières emblématiques comme l’huile d’argan, le safran, le cactus ou encore les plantes médicinales. Autant de produits à haute valeur ajoutée mais souvent dépendants d’un accès sécurisé à la ressource hydrique.

Une vitrine du développement territorial
Les produits du terroir, par leur ancrage géographique et culturel, constituent un levier structurant de l’économie locale. Leur valorisation participe à la création d’emplois non délocalisables, notamment au sein des coopératives féminines et rurales, et s’inscrit dans une logique de développement intégré du territoire.

Cette dynamique est soutenue par les politiques publiques, dans le sillage du Plan Maroc Vert puis de la stratégie Génération Green.

Le Salon s’inscrit ainsi dans une volonté de convergence entre les initiatives de développement agricole, la promotion de circuits courts et l’économie solidaire. Selon les données du ministère, plus de 200 produits du terroir marocains sont aujourd’hui recensés, dont une quarantaine labellisés en Indication géographique protégée (IGP), preuve d’un potentiel d’exportation encore sous-exploité.

L’eau, Un défi structurel
Mais ce modèle est confronté à une limite de taille : l’eau. Dans les régions comme le Souss-Massa, en proie à un stress hydrique aigu, l’arbitrage entre développement agricole, préservation des ressources et durabilité devient central. Les conférences scientifiques programmées lors du Salon abordent ces problématiques, avec la participation de chercheurs et d’experts.

L’accent sera mis sur les techniques d’irrigation économe, la sélection variétale résiliente, mais aussi sur la digitalisation des filières. La question est d’autant plus pressante que la région Souss-Massa dépend fortement de la nappe phréatique pour son approvisionnement en eau.

D’après le rapport 2024 du Conseil régional, le taux de remplissage des barrages y est tombé sous la barre des 15% pour plusieurs retenues stratégiques.

De nouveaux débouchés pour plus de résilience
Au-delà des enjeux climatiques, la pérennité économique des produits du terroir repose sur la diversification des débouchés. Les ateliers techniques du Salon prévoient ainsi des modules sur la commercialisation numérique, les procédures d’agrément sanitaire et les normes à l’export.

L’objectif affiché est d’ouvrir davantage les coopératives aux marchés internationaux. Car si certains produits comme l’huile d’argan trouvent déjà preneurs à l’export, d’autres peinent encore à franchir le cap de la transformation industrielle, souvent faute de moyens ou de certification.

L’événement mettra également à l’honneur le rôle des médias à travers la 3e édition du Prix Souss-Massa de la presse agricole, outil de sensibilisation mais aussi de reconnaissance du travail territorial.

Une convergence des politiques publiques à renforcer
Le Salon d’Agadir cristallise ainsi une ambition : faire des produits du terroir un levier d’adaptation aux crises climatiques, tout en renforçant leur ancrage économique. Mais pour transformer l’essai, une gouvernance intégrée de la ressource hydrique et un soutien ciblé à l’investissement restent indispensables.

La valorisation des savoir-faire locaux ne saurait se faire au détriment de la durabilité. C’est tout l’enjeu des années à venir, alors que les projections climatiques pour le Royaume prévoient une baisse continue des précipitations et une augmentation des épisodes de sécheresse.

S.N. / Les Inspirations ÉCO



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