MAS : le président cède à la vox populi à la veille de l’assemblée générale

Sous la pression croissante des supporters du MAS, le président Hicham Chakor officialise sa démission. Cette décision répond aux revendications d’une partie du public «masawi» qui réclame depuis des mois un changement profond dans la gouvernance de ce club emblématique.
Le président de l’association du Maghreb de Fès (MAS), Hicham Chakor, officialise sa démission, précipitant le club emblématique de la capitale spirituelle dans une nouvelle phase d’incertitude institutionnelle. Cette décision intervient à quelques jours seulement de l’assemblée générale élective extraordinaire prévue le 4 août 2025, et coïncide avec un sit-in organisé par les supporters devant la wilaya de Fès-Meknès.
Dans sa déclaration de démission, Hicham Chakor a justifié son départ par des considérations liées à la responsabilité et au respect de l’histoire du club. Le dirigeant sortant a souligné son attachement profond au MAS, qu’il qualifie «d’institution nationale de référence ayant contribué à la lutte pour l’indépendance du Maroc sous le règne de feu le Roi Mohammed V.»
Chakor a indiqué vouloir ouvrir la voie à une nouvelle phase pour le club à travers la tenue de l’assemblée générale extraordinaire.
«Je présente ma démission en espérant que cette étape de transition se fasse dans le respect des composantes du club, de son histoire et de ses fidèles supporters», a-t-il déclaré.
Le président démissionnaire a également exprimé sa gratitude envers le public, les membres de l’association, le staff administratif, médical et technique, ainsi que les autorités locales et nationales pour leur accompagnement. Cette démission s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes entre la direction actuelle et une partie importante des supporters, qui réclament depuis plusieurs mois des changements dans la gouvernance du club. Les critiques portent notamment sur les résultats sportifs décevants et des accusations de gestion opaque du club.
Une dimension politique au cœur des controverses
La question de l’implication politique des dirigeants du MAS constitue un élément central des tensions actuelles. Chakor, membre du parti de l’Istiqlal, fait partie d’une direction comportant plusieurs personnalités affiliées à des formations politiques.
Cette situation contraste avec celle d’autres présidents de clubs sportifs qui, bien qu’ayant des appartenances politiques, n’occupent pas de responsabilités officielles au nom de leurs partis respectifs. Le départ du président laisse présager une série de départs au sein de l’instance dirigeante du MAS, surtout que le secrétaire général de l’association cumule les fonctions de secrétaire régional du PAM, de député et de président d’une commune territoriale de la province de Taounate.
La problématique dépasse le cadre du seul MAS, puisque le WAF, deuxième club de la ville de Fès, est également présidé par un parlementaire RNI. Cette situation soulève des questions sur la compatibilité entre responsabilités politiques et gestion sportive dans le paysage footballistique marocain.
Des enjeux structurels et financiers complexes
La démission de Chakor intervient alors que le club traverse une période délicate sur le plan structurel. La société sportive MAS SA fait face à des points de non-conformité dans son processus de création, nécessitant une refonte totale pour respecter les exigences de la loi 30.09 relative à l’éducation physique et aux sports.
La situation financière demeure également préoccupante avec une dette de 108 millions de dirhams à la fin de la saison 2024-2025. L’assemblée générale du 4 août 2025 s’annonce donc comme un rendez-vous déterminant pour l’avenir du club. Elle devra permettre de désigner une nouvelle direction capable de gérer ces défis multiples et de répondre aux attentes des supporters.
La pression populaire continue de s’intensifier à quelques semaines de la reprise de la saison sportive, plaçant les futurs dirigeants face à des responsabilités importantes.
Cette onde de choc institutionnelle pourrait marquer un tournant pour le MAS et, plus largement, questionner le modèle de gouvernance des clubs sportifs marocains dirigés par des personnalités politiques. L’issue de cette crise déterminera si le club emblématique de Fès parviendra à retrouver la stabilité nécessaire à son développement sportif et financier.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO