Langue officielle : trois conventions pour faire entrer l’amazighe dans la législation

Un pas décisif vient d’être franchi dans la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazighe. Trois conventions de partenariat ont été signées à Rabat entre l’Institut royal de la culture amazighe, le Secrétariat général du gouvernement et le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, pour intégrer progressivement la langue amazighe dans le système juridique marocain.
À moins de dix ans de l’échéance fixée par la loi organique, le compte à rebours est lancé. La traduction des textes juridiques en amazighe ne relève plus du symbole mais devient une priorité concrète pour les institutions marocaines. La journée d’étude tenue mardi à Rabat a marqué une étape importante dans ce chantier stratégique, avec la signature de trois conventions structurantes entre acteurs institutionnels de premier plan.
Une convergence institutionnelle autour de la mise en œuvre
Organisée par le Secrétariat général du gouvernement (SGG), en partenariat avec le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration et l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), cette journée d’étude avait pour thème l’intégration de la langue amazighe dans la législation. Elle a permis de dresser un premier bilan des avancées institutionnelles et de renforcer la coordination entre les parties prenantes.
Mohamed Hajoui, secrétaire général du gouvernement, a rappelé que «la feuille de route tracée par notre pays, concernant la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazighe dans l’éducation et dans les domaines prioritaires de la vie publique, est parfaitement claire». Il a précisé que «la loi organique n°26-16 met en évidence les mesures procédurales, pratiques et institutionnelles, et fixe les étapes de réalisation ainsi que l’horizon temporel».
Des conventions structurantes
Les conventions signées par les trois institutions posent les bases d’un travail coordonné. Celle conclue avec l’IRCAM porte sur la traduction des textes législatifs et réglementaires, la formation des cadres juridiques et la création d’un dictionnaire de référence en amazighe.
L’accord avec le ministère vise à «renforcer les capacités des ressources humaines du Secrétariat Général du Gouvernement dans le domaine de l’amazighe» et à «délivrer les certificats émis par le Secrétariat Général en langue amazighe aux côtés de l’arabe».
Dans son discours, la ministre a déclaré que « l’intégration de l’amazighe dans le système législatif est l’un des défis centraux de ce chantier, car elle nécessite un effort institutionnel pour développer les outils de rédaction juridique en amazighe, fournir une traduction de qualité et encourager la formation juridique dans ce domaine».
Un chantier piloté avec méthode
Mohamed Hajoui a souligné que «cette journée d’étude est pour nous une occasion précieuse, alors qu’il nous reste moins de neuf ans avant l’horizon fixé pour le champ législatif, afin d’affirmer l’importance d’un travail collectif et organisé, selon une méthode partagée, pour publier les textes législatifs et réglementaires à portée générale en langue amazighe».
Il a salué une dynamique concrète en affirmant que «nous valorisons hautement cette coopération tripartite fructueuse et concrète, car ces conventions établissent un travail méthodique et intégré dans les domaines de la traduction juridique, de la formation spécialisée, de la documentation lexicographique et de la sensibilisation sociétale».
Ahmed Boukouss, recteur de l’IRCAM a, lui, rappelé que «ces rencontres s’inscrivent au cœur des missions confiées à l’Institut dans ce cadre, notamment l’accompagnement des institutions publiques pour la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe tel que prévu dans la loi organique».
Une volonté politique réaffirmée
Amal El Fallah Seghrouchni, ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration a rappelé que «le discours royal d’Ajdir, prononcé le 17 octobre 2001, affirmait que la promotion de l’amazighe est une responsabilité nationale, car elle constitue un patrimoine commun à tous les Marocains sans exception».
Elle a aussi souligné que «l’année 2023 a vu l’adoption du nouvel an amazighe comme fête nationale officielle, ce qui illustre clairement la forte volonté politique de consacrer la justice linguistique et de renforcer la diversité culturelle du Royaume».
«J’invite l’ensemble des participantes et participants à formuler des recommandations pratiques et réalisables, qui contribuent à renforcer la présence de l’amazighe dans la législation nationale et à consacrer un Maroc de la pluralité, de la diversité, de la justice et de l’inclusion», a conclu la ministre.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO