Culture

Rencontre: Rim Laredj, l’art conjugué au pluriel

Réalisatrice, designer, street artiste, Rim Laredj utilise toutes les formes d’art pour s’exprimer et crier sa liberté haut et fort. Tous les moyens sont bons pour créer, du film à la photographie en passant par le dessin, le graffiti ou encore la création de bijoux. Une artiste pluridisciplinaire qui vit à Paris tout en ayant son cœur vers ses origines multiples mais surtout le Maghreb.

Comment est née l’idée de créer des bijoux autour de la calligraphie et les motifs amazighs ?
Très simplement après un documentaire que je tournais à Marrakech sur l’artisanat et le design, ce qui m’a fait plonger dans mes sources. J’ai étendu le projet à l’Algérie et la Tunisie, ce qui m’a permis de faire une sorte de voyage initiatique, un retour à la source première, la genèse de mon ADN où cohabite un métissage berbéro-arabe. En rentrant à Paris pour le montage, ça m’a saisi. Je me suis rapidement mise à l’ouvrage, j’ai customisé des sacs de vêtements pour commencer parce que je n’avais pas vraiment de notions de couture ou de création dans la mode.

D’où cette envie est-elle venue ?
Je suis plasticienne, je me suis découvert designer sur le tard puis j’ai rapidement ressenti un immense plaisir qui m’a poussé à aller encore plus loin dans mon désir créatif. Un plaisir qui a eu un relais et un succès auprès des gens grâce aux réseaux sociaux. Puis l’engouement était grandissant parce que je partage l’histoire de mes créations qui sont de la poésie. Les amoureux de la langue arabe y trouvent un écho, les amoureux de la magie des motifs berbères y trouvent aussi un certain retour aux sources. Ce sont des collections presque thérapeutiques. Les créer me fait du bien, me rend heureuse alors les diffuser propage aussi une part de ce bonheur-là.

Comment naît une collection ?
La naissance d’une collection est assez instinctive chez moi, je ne me restreins pas aux calendriers imposés par l’industrie de la mode parce que je ne m’inscris absolument pas dans cette démarche-là, je suis à mon rythme, à l’écoute de mes clients, des personnes qui s’intéressent à mon travail. Par ailleurs, les clients deviennent rapidement des amis puisque généralement, on partage la même passion pour notre culture et notre patrimoine.

Comment viennent à vous les couleurs et les matières ?
Les inspirations viennent de mes voyages, mes échanges avec le monde de l’art, avec la nature, ce qui m’entoure. Je m’intéresse aux autres, aux traditions, aux matières, aux savoirs faire. Au fond, j’aurais voulu être anthropologue, à la place, je suis historienne de l’art, réalisatrice, créatrice, je ne sais pas trop comment me définir mais ce que je sais, c’est que l’autre me passionne. Cette base me permet de vouloir transmettre des choses, de créer des objets qui font sens, qui ont du sens.

Vous êtes aussi réalisatrice et artiste graffiti, est-ce que ces deux disciplines ont une influence sur vos créations ?
Oui, totalement, pour moi le support est un canal mais le fond reste fondamentalement le même. Créer, diffuser, partager, créer une collection ou un livre ou un film reste au fond un exercice assez proche. Chercher une certaine forme de vérité. Créer une certaine forme de réel, la rendre tangible à l’autre en éveillant ses sens.

L’art est-il instinctif pour vous ?
Oui. Je peux facilement partir tourner un documentaire sur un coup de tête, de la même manière, je peux me réveiller un matin et aller taguer un mur de poème en calligraffiti arabe, j’aborde mes créations pour Baytrim de la même manière, je me réveille, je fais mes croquis, j’écris mes poèmes, j’appelle mes couturières à Alger ou Casa, je vais déjeuner avec mon artisan, lui montre mes derniers dessins puis on se fait des prototypes, on teste des choses, c’est avant tout une histoire de partage, d’amour, d’écoute et de jeu.

Comment êtes-vous passée du cinéma à l’art moderne en passant par le design ?
Créer est un voyage, l’art est un mouvement, les disciplines s’enrichissent les unes les autres. Pour moi les frontières n’existent pas, il n’y a que de nouveaux territoires à explorer. Le premier geste de l’enfance est de dessiner pour donner sens à ce qui l’entoure, j’ai toujours dessiné puis peint, très tôt, j’ai eu la chance d’être exposée et de me rendre compte que ce geste pouvait créer une interaction avec l’autre, générer du beau, du sens, de l’amour, du rejet mais que ça faisait bouger l’âme. Mes films, mes collections commencent toujours par un dessin, un mouvement, une couleur puis on creuse, on peaufine, on améliore, on s’élève.

Comment est venu à vous le cinéma ?
J’ai d’abord été comédienne puis rapidement j’ai réalisé que j’avais aussi besoin de raconter des histoires, d’écrire donc assez instinctivement la réalisation s’est imposée à moi comme une évidence. J’ai commencé par faire des clips puis des courts métrages et rapidement j’ai fait un film historique, et des documentaires. Pour être encore plus indépendante, j’ai ouvert Miz’art production, une maison de production qui produit de l’image mais aussi de la musique.

Vos projets ?
Une nouvelle collection entièrement basée sur le recyclage et un documentaire sur l’équipe de foot du FLN qui est une équipe historique et a ancré le sport dans une certaine ligne politique singulière qui a eu un écho profond sur la nature même du foot algérien et l’idée d’indépendance des peuples. 



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