Maroc-UE. Quelle vision des partenariats post-Covid-19 ?
Dans un contexte où les stratégies d’investissements des entreprises européennes évolueront certainement vers une réduction d’une trop grande dépendance vis-à-vis de l’Asie en général et de la Chine en particulier, le RIEMAS (Research Institute for European, Mediterranean and African Studies) de l’Université Euromed de Fès a organisé mardi un webinaire pour mener une réflexion sur l’avenir du partenariat économique Maroc-UE dans une conjoncture mondiale qui sera durablement marquée par les conséquences socio-économiques de la crise du Covid-19.
Sous le thème, «Économie mondiale post Covid-19 : quel rôle pour le partenariat économique Maroc-UE?», les participants à cette rencontre se sont penchés sur la stratégie à mettre en place pour construire de nouvelles alliances économiques stratégiques entre l’UE et le Maroc. Lors de cette rencontre, le président de l’Université Euromed de Fès, Mostapha Bousmina, a expliqué que l’UE est en train de réfléchir pour asseoir sa souveraineté sur un certain nombre de secteurs avec des relocalisations, ce qui représente à la fois une opportunité et une menace pour le Maroc.
«Les relocalisations en Europe peuvent s’accompagner d’une montée du nationalisme, ce qui nous pousse à réfléchir à un nouveau modèle de développement qui accorde la priorité à l’industrialisation du pays pour soutenir sa souveraineté industrielle», précise Bousmina, qui a également plaidé pour que l’investissement dans l’industrie soit favorisé par rapport aux autres investissements tout en privilégiant la technologie et la recherche & développement. Les participants ont également souligné l’importance d’une plus grande intégration régionale pour réussir une relance saine et durable. Il est à noter que pour renforcer les liens avec les fournisseurs de la même région, le Maroc doit renforcer sa politique «nearshoring». Une certaine forme de solidarité africaine doit également se faire et se refléter, notamment via la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine) pour un échange régional consolidé.
Le Maroc : un relais de comptétitivité pour l’Europe
De son côté, Anna Barone, la représentante de la Banque européenne d’investissement (BEI) au Maroc a fait savoir que pour soutenir les efforts du Maroc à même de sortir de cette crise, la BEI a accéléré tous les déboursements de prêts pour aider les entreprises qui manquent de liquidités. «La BEI a également mobilisé toutes les lignes de crédit pour apporter des fonds de roulement nécessaires aux entreprises pour continuer leurs activités dans ce contexte et effectuer des investissements dans les domaines sanitaires, notamment pour l’acquisition du matériel médical nécessaire et le renforcement des infrastructures sanitaires», précise Barone. La représentante BEI a souligné que l’objectif de le BEI dans le long terme est de préparer la sortie de la crise et soutenir les projets qui s’inscrivent dans les politiques publiques. Il est à noter que le Conseil d’administration de la BEI avait approuvé une réponse à la pandémie qui permettra de fournir jusqu’à 5,2 milliards d’euros en dehors de l’Union européenne (UE). «Dans le contexte de la crise sanitaire où l’UE pense à la redéfinition des chaînes de valeurs, le Maroc se trouve dans une position où il doit pouvoir exploiter ses avantages compétitifs et profiter de cette opportunité à travers sa proximité géographique et ses relations de partenariat avec l’UE», précise Barone. Concernant les mécanismes qui sont en train d’être préparés au niveau européen pour soutenir la relocalisation de certaines activités, Ryad Mezzour, directeur de cabinet du ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, a précisé que le Maroc doit être exclu de ces activités puisqu’il est un vrai partenaire fiable et un relais de compétitivité pour l’Europe.