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Coronavirus : la Banque mondiale mesure l’impact sur la région MENA

La Banque mondiale passe sous scan la situation économique de la région MENA sous le prisme de la crise du coronavirus.

L’institution de Bretton Woods a ainsi publié un rapport, réalisé par le bureau de l’économiste en chef pour la région MENA, dans le but de « contribuer à un nouveau discours public constructif, mais franc et sincère, sur ce que nous pouvons mieux faire ensemble après que les effets récessionnistes immédiats de la crise du coronavirus se seront estompés ».

Une lente croissance sur la période 2000-2022.
Tous les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les pays de la région MENA, à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, ont connu une croissance plus lente que les pays à revenu élevé typique au cours de cette période. Parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, seuls Djibouti et le Maroc affichent une croissance à long terme supérieure à celle d’un pays comparable.

Les économistes de la Banque mondiale prévoient une baisse de la production dans la région MENA en 2020. Cette annonce contraste fortement avec les prévisions publiées en octobre 2019, qui faisaient état d’une croissance de 2,6% pour les économies de la région, cette année. La révision à la baisse des prévisions de croissance de 3,7 points de pourcentage donne une idée des coûts associés au double choc provoqué par la pandémie de Covid-19 et l’effondrement des prix du pétrole.

L’effondrement des prix du pétrole a eu un énorme effet négatif direct sur les revenus des exportateurs de pétrole de la région MENA. Il a également mis à mal les importateurs de pétrole, même si, en règle générale, la baisse des prix est favorable aux économies importatrices et défavorable aux pays exportateurs.

Pour se faire une idée de l’ampleur de l’effet de revenu réel, il suffit de multiplier la différence entre la production et la consommation (exportations nettes) en pourcentage du PIB par la baisse en points de pourcentage des prix du pétrole.

L’Institution démontre ainsi que si l’on suppose, à titre d’exemple, que ces prix restent inférieurs de 48% à leur niveau de 2019, le Koweït, dont les exportations nettes représentent 43% de son PIB, connaîtrait une baisse de son revenu réel d’environ 20% de son PIB, tandis que le Maroc, qui importe du pétrole, connaîtrait une augmentation de son revenu réel équivalente à 3% de son PIB, annonce le rapport.

Cependant, ces prévisions ne modifient en rien l’image que renvoie cette région confrontée au triple défi d’une faible croissance à long terme du PIB par habitant, d’une situation macroéconomique fragile et de marchés du travail faméliques. Le  rapport fait valoir que le manque de données et de transparence, observé dans la région, a contribué à ces résultats à long terme. De nombreux pays de la région MENA ont une capacité de production statistique insuffisante ou empêchent l’accès aux données.

Le rôle de la transparence
De fait, le rapport établit une corrélation empirique forte et positive entre la transparence statistique d’un pays et sa croissance économique à long terme. Le rapport attire l’attention sur deux domaines – la fragilité macroéconomique et les mesures relatives au marché du travail – où le manque de données et de transparence, observé dans les pays de la région MENA, affaiblit la crédibilité et entrave l’élaboration de bonnes politiques. Premièrement, il présente une batterie de tests sur les vulnérabilités des comptes courants et des comptes budgétaires dans la région et le reste du monde.

Alors que les analyses de la viabilité des déséquilibres extérieurs ne souffrent vraisemblablement pas du manque de transparence, la crédibilité des analyses de viabilité de la dette dépend de manière critique de la transparence des données. Les systèmes de communication de données sur la dette publique varient fortement selon les pays de la région.

Les économistes de la Banque mondiale et les autres analystes externes n’ont pas accès aux informations concernant de nombreux types de dette publique. Les résultats des analyses sur la fragilité macroéconomique de la région MENA doivent donc être considérés avec circonspection, car la publication de données pertinentes peut sensiblement modifier les conclusions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.

Les analyses actuelles de la situation du marché du travail dans la région MENA souffrent d’incohérences au niveau des données et des définitions. Les pays de la région utilisent diverses définitions de l’emploi, qui ont une incidence sur les indicateurs du chômage et de l’emploi informel, et ne sont guère harmonisées entre ces pays ni avec les normes internationales. Il n’a pas été possible de confirmer les taux de chômage officiels en utilisant des sources indépendantes de données historiques sur la main-d’œuvre, représentatives de la situation nationale dans trois pays où elles sont disponibles. Parallèlement, accéder aux enquêtes officielles sur la main-d’œuvre sur lesquelles reposent les taux de chômage officiels est une véritable gageure pour la Banque mondiale, et encore plus pour la société civile de la région.

De meilleures données et une plus grande transparence sont nécessaires pour permettre des analyses économiques crédibles et un débat public éclairé, qui pourraient conduire à l’amélioration des politiques, au renforcement de la confiance de la société et à l’accélération du développement économique à long terme. Mettre les données au service du développement est une priorité pour la Banque mondiale, comme en témoigne le Rapport sur le développement dans le monde 2021, qui sera consacré au rôle des données dans le processus de développement. La Banque mondiale peut servir de catalyseur à l’amélioration des données dans la région MENA.

Elle peut fournir des arguments et des preuves concernant le rôle positif de la transparence des données dans l’élaboration des politiques. L’évaluation comparative des capacités statistiques des pays pourrait fortement inciter ces derniers à améliorer leur écosystème de données. La Banque mondiale a fourni et peut continuer de fournir une assistance technique pour améliorer les capacités statistiques des pays, affirme le rapport, par exemple en contribuant à la réalisation des enquêtes auprès des entreprises et des ménages, ou en numérisant les données pour les rendre accessibles au public tout en dépersonnalisant les microdonnées dans le but de protéger la confidentialité des renseignements des citoyens et des entreprises.

Elle bénéficie aussi directement du renforcement des capacités statistiques, car
l’amélioration des données permet d’augmenter la précision des analyses économiques et donc la qualité des politiques recommandées.



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