Sports

Un rapport financier plein de zones d’ombre

Le Raja tient son assemblée générale aujourd’hui vendredi. Une rencontre cruciale pour le club casablancais. Décryptage des finances polémiques des Verts.

Le bilan financier du mandat de Saïd Hassbane était très attendu par le public du Raja de Casablanca. Mais pas uniquement. Le tribunal de la FIFA, la Fédération royale marocaine de football (FRMF), et les nombreux créanciers du club (joueurs, ex-coachs, prestataires de services et fournisseurs) surveillent, en effet, de très près l’évolution de la situation financière du club casablancais depuis deux ans. Ce document reste à adopter par les adhérents du Raja de Casablanca. Ledit document arrêté au 30 juin 2017, confirme la situation financière inextricable des Verts. Le prochain président aura pour mission de continuer l’opération d’assainissement financier de l’association sportive.

 

Une dette surévaluée
Une fois n’est pas coutume, l’association Raja Club Athletic termine l’exercice avec un excédent de 35 MDH ! Les produits du club se sont établis à 85,5 MDH, en baisse de 17% par rapport à l’exercice précédent où le club avait enregistré des recettes de 100 MDH. Une baisse due à la régression des recettes tirées des transferts de joueurs (-1084%), la billetterie (-101%) et les dons (-722%). Malgré cette instabilité, les finances du club se sont maintenues grâce au sponsoring (16 MDH), les subventions de l’Intérieur, la FRMF et la ville de Casablanca (21 MDH). Côté charges, le Raja continue la réduction drastique de ses dépenses (-71%). Durant la saison passée, le fonctionnement du club a nécessité une enveloppe budgétaire de 50,4 MDH.

Pour le dernier exercice, le rapport inscrit des dotations aux amortissements de joueurs (51,8 MDH), autres immobilisations (13 MDH) et provisions aux litiges (85 MDH). Au final, les charges du club sont de l’ordre de 200 MDH. Ce point des dotations est le plus problématique, à l’instar de l’endettement du club. Selon le rapport financier, les dettes du club s’élèvent au montant (tenez-vous bien) de 252 MDH. Un record ! Ce chiffre confond dettes et immobilisations incorporelles. Comme l’indique le tableau ci-dessous, 43% de l’endettement du club représente les «soldes contrats de joueurs», évalués à 110 MDH. Le rapport à la page 16 le rappelle, «les dettes de financement sont constituées essentiellement des engagements des contrats des joueurs du club». Or, les montants à payer aux joueurs dans les prochaines années, sous forme de primes et salaires, ne peuvent être comptabilisés comme dettes car ils représentant des actifs du club, même la principale immobilisation du Raja. D’ailleurs, le rapport le mentionne dans sa neuvième page. Les contrats de joueurs sont inscrits comme «immobilisations incorporelles» pour une valeur de 93, 7 MDH. Par contre, les autres composantes de l’endettement sont bien réelles et continueront à représenter un goulot d’étranglement pour la gestion du club pour les années à venir. La dette «Fournisseurs» de 16 MDH est en grande partie une conséquence des exercices antérieurs (12 MDH). La dette du «Personnel» (9 MDH) correspond aux salaires des joueurs, personnel technique et personnel administratif non encore payés depuis plusieurs exercices. La dette sociale (CNSS) est d’environ 2 MDH. Le compte «Autres créditeurs» (12 MDH) correspond essentiellement à la dette de l’ex-président Boudrika (10 MDH) et les créances en litiges judiciaires (6 MDH). Enfin, 23% des dettes estimées du club sont plutôt des provisions à payer pour la DGI (58,4 MDH). Précisons que l’ensemble des clubs de la Botola Pro se trouvent dans une situation similaire. Le prochain président du Raja devra trouver des solutions pour pouvoir gérer un club aux finances dans le rouge.



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