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Ligue des champions : Guardiola face à son Everest

Après le crève-cœur de 2021, Pep Guardiola a l’occasion de brandir à nouveau la Ligue des champions. Une première depuis ses années barcelonaises. Une disette anormale pour le Catalan, considéré comme l’un des meilleurs tacticiens de l’histoire. 

En Allemagne comme en Angleterre, il a tout dominé, tout écrasé, ne laissant quasiment que des miettes à la concurrence. Mais peu importent les records battus avec le Bayern Munich ou Manchester City, ainsi que la supériorité tactique imposée à ses adversaires outre-Rhin et outre-Manche, l’œuvre pourtant colossale de Pep Guardiola semble s’être heurtée à un plafond de verre : l’incapacité (l’impossibilité ?) à remporter la Ligue des champions avec des équipes pourtant bien bâties et quasiment toujours favorites.

18 titres mais un grand vide
Le Catalan reste pourtant à la tête d’un impressionnant palmarès, avec 18 titres majeurs remportés depuis 2013 et son départ de Barcelone. Un CV remarquable qui comprend un doublé coupe-championnat réalisé avec le Bayern en 2014, faisant suite à un doublé Coupe du monde des clubs – Supercoupe de l’UEFA réalisé la saison précédente. À cela s’ajoute le quadruplé championnat-coupe-coupe de la ligue-supercoupe nationale, réalisé avec Manchester City en 2019. Mais la Coupe aux grandes oreilles se refuse inlassablement à lui depuis 2011. Un trophée vous manque, et toute l’armoire est dépeuplée. Le 10 juin prochain, au Stade olympique Atatürk, il aura peut-être l’occasion de redonner à sa collection de titres le lustre qu’elle mérite. À condition de franchir le dernier obstacle : l’Inter Milan qui entend mettre fin à une disette de 13 ans en C1 !

Crève-cœurs successifs
Pour Guardiola, cette disette a certes été moins longue, mais elle est sans doute beaucoup plus parlante. La dernière fois que le Catalan a soulevé la Ligue des champions, c’était à la tête d’une équipe où les stars se nommaient Lionel Messi, Xavi et Iniesta. Le technicien catalan a souvent été moqué pour n’avoir jamais remporté de Ligue des champions sans son trio magique qui avait permis à Guardiola de réaliser le fameux sextuplé historique de 2009 (championnat, coupe, Ligue des champions, supercoupe d’Espagne, supercoupe d’Europe, Coupe du monde des clubs).

Depuis, les crève-cœurs ont été nombreux. Le plus récent ? Son élimination aux portes de la finale en 2022 par le futur champion, le Real Madrid, dans un scénario des plus dramatiques. Vainqueur à l’aller (4-3), City pense tenir le bon bout, et croit même avoir fait le plus dur lorsque Riyad Mahrez ouvre le score au match retour à la 73e minute. Madrid réussit alors un extraordinaire retournement de situation grâce à un doublé de Rodrygo qui arrache la prolongation en toute fin de match (91e minute) avant que Benzema, sur la route du Ballon d’Or, enfonce le clou sur pénalty à la 95e minute. Madrid l’emporte 6-5 en cumulé, et s’en va soulever sa 14e Ligue des champions.

Forcément, éliminer le Real cette année avait une saveur particulière pour Guardiola. «Je pense qu’on a joué avec toute la douleur accumulée pendant un an après ce qui s’est passé l’an dernier (…) On a eu la bonne énergie après tant de douleur», analysait-il sobrement mercredi, après sa qualification pour la finale. Mais une finale, ça se gagne.

Et Guardiola le sait plus que quiconque. En 2021, il s’inclinait sur la plus petite des marges (1-0) face à Chelsea. Son équipe ne s’est jamais remise du but de Kaï Havertz en fin de première période (42e minute). En 2020, alors que la planète foot se prépare aux retrouvailles entre Guardiola et son ex-employeur bavarois en demi-finale, c’est Lyon qui vient jouer les trouble-fêtes en infligeant un cinglant 3-1 aux skyblues lors du final four (format inédit imposé par la pandémie de covid-19). En 2019, ce sont les trois buts concédés sur sa pelouse face à Tottenham qui éliminent la bande à Guardiola malgré une victoire 4-3 en quarts de finale retour. La fatidique règle du but à l’extérieur avait fait voler en éclats les rêves de Manchester City, battu 1-0 au match aller chez les Spurs. L’année d’avant, c’était encore une équipe anglaise qui endossait le costume de bourreau. Les Skyblues étaient encore une fois balayés en quart de finale par la vague rouge du Liverpool de Jurgen Klopp, qui échouait quelques semaines plus tard en finale contre le Real Madrid (défaite 3-1).

Un héritage à parachever
C’est peu de dire que Guardiola a fait de la quête de la Ligue des champions une affaire personnelle, au vu des déceptions successives du Catalan. Une victoire le ferait entrer dans le club très fermé des techniciens ayant remporté la Coupe aux grandes oreilles avec deux clubs différents. Un exploit réalisé par cinq entraineurs à ce jour : Ernst Happel (Feyenoord en 1970 et Hambourg en 1983), Ottmar Hitzfeld (Dortmund en 1997 et le Bayern Munich en 2001), José Mourinho (FC Porto en 2004 et l’Inter Milan en 2010), Jupp Heynckes (Real Madrid en 1998 et le Bayern Munich en 2013), et Carlo Ancelotti (AC Milan en 2003 et 2007 et Real Madrid en 2014 et 2022). Si succès il y a, la question qui se posera inévitablement sera de savoir quelle suite Guardiola donnera à sa carrière après avoir gravi son Everest. La retraite ? Le record d’Ancelotti (seul coach à avoir remporté la C1 deux fois avec deux coach différents) ? Tenter de la soulever avec sa troisième équipe ? Une expérience en sélection ? Une chose est sûre, ce ne sont pas les options qui manqueront au technicien de 52 ans qui, quoiqu’il arrive, est assuré d’avoir une place parmi les meilleurs entraineurs de l’histoire.

Darryl Ngomo / Les Inspirations ÉCO


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