Golf, Tennis et équitation : trois disciplines pour trois mousquetaires
Il n’y a que le football qui intéresse la majorité écrasante des mordus de sport. Rarement en pratiquants, souvent en soutiens inconditionnels et parfois en analystes. Surtout qu’il s’agit du sport le plus populaire, sur le plan de la passion, et le plus privilégié au vu des moyens mobilisés, à son profit, par les pouvoirs publics. Par ailleurs, le football est le sport qui s’est le plus structuré, lors des dernières décennies et, particulièrement, avec le staff fédéral actuel.
Au niveau de l’omnisport, on doit cependant déchanter, car seuls le golf et l’équitation réussissent quelques exploits, en comptant sur la participation de haut niveau, aussi bien pour la participation de qualité des joueurs pros, pro-am ou autres amateurs, qui sont légion. On peut en dire de même de l’équitation, avec Abdelkebir Ouaddar, grand champion devant l’éternel. Et qui apporte a fortiori un plus à la mobilité horizontale du noble art consacré par Delacroix et, plus tard, par le président Abdellah Glaoui… qui a opté pour le golf, après avoir immortalisé le cheval.
On retiendra aussi à jamais les réformes entreprises par Lalla Amina, au service de l’élevage du cheval barbe, des moussems, de la fantasia et de la valorisation des cavaliers(ères). La tradition ludique, dans le monde rural, a été réhabilitée, au grand bonheur des amateurs. Avec l’encouragement des femmes, impliquées dans les «harkas» et autres «tboridas».
Et on n’hésitait pas à publier de belles plaquettes, illustrées et valorisantes de qualificatifs et de concepts arabes et imazighens, qui ont conquis les langues européennes, comme «al harass» ou haras !
Des champions innés
On sait que le sport marocain a brillé sur le plan mondial grâce à l’athlétisme et la boxe, lors de diverses éditions des Jeux Olympiques. Et le commencement a été à l’honneur, en ouvrant l’escarcelle des exploits, avec Abdeslam Radi, médaillé d’argent aux JO de Rome. Et il est sûr que ce champion né aurait décroché l’or s’il ne s’était aligné sur le 10.000 m, à la veille du marathon, remporté comme on le sait par l’Éthiopien Abede Bikila, qui courait pieds nus !
Une image qui avait marqué l’opinion sportive mondiale et permis à l’Éthiopie de se hisser au rang des puissance mondiale. Radi avait décliné l’offre de courir pour la France, bien qu’étant militaire de carrière, en optant pour le Maroc. Contrairement à Alain Mimoun, qui a marqué l’histoire de l’athlétisme tricolore, sans avoir les qualités du Marocain. On sait que l’histoire ne retient que les vainqueurs et Mansour Lahrizi en savait quelque chose, lui qui accompagna Radi et assuma la tâche de préparateur physique. Lahrizi fut dépositaire de la mémoire collective sportive, mais partit sans avoir tout relaté, malheureusement
! L’athlétisme a connu de grands exploits, avec une vingtaine de médailles olympiques, dont l’or décroché par Saïd Aouita, Nawal El Moutawakil et Hicham Guerrouj, qui a fait tomber le doublé historique réalisé par Paavo Nurmi aux JO de 1924. Le retour à l’or a revêtu les habits du Samouraï Soufiane El Bakkali, lors des JO de Tokyo.
La boxe marocaine s’est, également, hissée sur les podiums olympiques, grâce aux frères Achik et, pour la dernière, au succès du «fils de Bernoussi», Mohammed Rabii. Ce dernier a écrit une belle page dans un quartier où la boxe était pratiquement méconnue et notre champion a découvert le B.a.-ba de la boxe dans un garage aménagé en ring. Bernoussi étant connu, surtout, comme pépinière footballistique, qui a produit de grands joueurs, une bonne trentaine de godasses de qualité, dont le capitaine Youssef Sefri, qui a succédé à Nouredine Naybet et porté le brassard de capitaine des Lions de l’Atlas.
Mais on se doit de rendre hommage à Hadj Beliout Bouchentouf, un dirigeant comme on n’en rencontre plus et qui a pesé pour la réforme de la boxe et sa réorganisation à l’échelle mondiale.
Le tennis et son double
Certaines disciplines ont réussi des miracles et donné au Maroc de grands champions. Le tennis en fait partie, grâce au président Mohamed Mjid, qui a accompagné l’histoire de la petite balle pendant plus d’un demi siècle. Ce militant, qui a énormément apporté au sport, a participé à la création du Comité national olympique marocain, présidé par le Prince Moulay Abdellah, avec Mohamed Benjelloun Touimi et d’autres personnalités sportives.
Grâce à Mohamed Mjid, le tennis est passé, comme il se plaisait à le dire, de «la phase amateur à la phase industrielle». On a muté de la génération Lahcen Chadli , Laâroussi, Habaibi, Laimina, Dlimi, Saber à celle animée par Khalid Outaleb, avec les Trois mousquetaires : Karim Alami, Hicham Arazi et Younes El Aynaoui. En réalité, les trois compères étaient cinq, si l’on y ajoute ceux des deux éternels remplaçants, et non moins méritants, Mehdi Tahiri et Mounir Laârej.
Deux anciens champions sont aux commandes à la FRMT, Arazi à la tête du Grand Prix Hassan II et Tahiri comme capitaine en Coupe Davis, où nous avons ni plus ni moins sombré, après des années d’une gloire révolue. On rencontrait les grands en Coupe Davis, auxquels on tenait tête, avec le capitaine Abderrahim Moundir, rentré de France, où il exerçait au Centre Barthes, à l’invitation, entre autres, de Mohamed Mjid.
On peut parler de parcours réussi pour ce cadre de haut niveau, ayant préféré jouer le jeu institutionnel, en évitant les confrontations, qui gangrènent tous les sports et sont autant nuisibles que superfétatoires. Moundir s’est consacré à l’édification d’une Académie, qu’il considère comme un laboratoire où il multiplie les stages de formation et où se succèdent les jeunes, d’ici et d’ailleurs.
Mais on a l’impression que l’ère des Académies a encore du mal à s’imposer au vu des nombreuses contraintes, liées à l’environnement, au mental, à la structure sociologique de l’élite et au système scolaire «sportiphobe».
Al Amal cherche conseil… de la ville
Ces remarques, on les entend de la bouche même du président de la FRMT et du CNOM, Fayçal Laâraichi à chaque AG de la Fédération. Il a toujours été à la hauteur des défis et des problématiques de tous ordres, qui préoccupent l’opinion sportive. Avec des discours à chaque fois plus pertinents, sans concession et ouverts à la critique et à son pendant indispensable, l’autocritique. Comme le fait de dire que le tennis marocain ne peut pas être évalué objectivement, sur des résultats acquis au détriment de champions de seconde zone.
Et les coupables se reconnaîtront !
De même, on doit relever la crise des clubs, crise qui va des moyens primaires (balles, raquettes, filets…) jusqu’à la formation et celle des formateurs. On retiendra, toujours dans le propos du président Laâraichi, le faible nombre de licences, qui n’atteint pas les 10.000, pour la centaine de clubs du Royaume. Certains clubs démunis réclament une prise en charge allant jusqu’au financement des déplacements de leurs dirigeants. Le budget de la FRMT, même avec le soutien précieux de la SNRT, n’atteint pas les trente millions de dirhams, une somme qui équivaut à celui d’un club de foot dit «d’élite».
Et quand on sait que le DTN, Afif, touche un salaire de 80.000 DH, il y a de quoi s’arracher les cheveux (et c’est son cas), surtout quand on connaît le niveau des rémunération des coachs en football. Au vu de ces contraintes et d’autres encore, depuis la désertion du complexe Al Amal et le transfert du Grand Prix Hassan II de Casablanca à Marrakech, on doit faire preuve d’une grande patience avant de dénicher des successeurs aux Trois mousquetaires.
Surtout quand on sait qu’ils sont le pur produit du complexe Al Amal, surnommé le Roland Garros d’Afrique. Avant son transfert à Marrakech, où il a vu le jour, mais sans rien réussir sur le plan des résultats !
Belaid Bouimid / Les Inspirations ÉCO