Coronavirus: Et si Tokyo annulait les JO?
Cette enveloppe est répartie entre la ville de Tokyo (597 milliards de yen), le comité d’organisation japonais des JO (603 milliards de yens) et l’Etat central (150 milliards de yens).
Cependant en réalité l’implication financière de l’Etat serait dix fois plus importante –1.060 milliards de yens– selon la Commission de vérification des comptes du Japon, qui préfère tenir compte des dépenses engagées depuis l’attribution des Jeux à Tokyo en 2013.
Les entreprises privées japonaises ont aussi largement sponsorisé l’événement, à hauteur de 348 milliards de yens (près de 3 milliards d’euros), un record.
Par ailleurs ce montant n’inclut pas les partenariats mondiaux signés entre des multinationales et le Comité international olympique (CIO) et s’étalant sur plusieurs olympiades. Parmi ces géants figurent notamment les japonais Toyota, Bridgestone et Panasonic.
Pour Capital Economics, l’impact d’une annulation des JO de Tokyo serait limité pour l’économie japonaise, car le gros des investissements –notamment la construction de nouveaux équipements sportifs– a déjà été réalisé et a donc plutôt contribué au PIB national ces dernières années.
Une annulation serait en revanche un nouveau coup dur pour le tourisme et la consommation en général dans le pays, qui sont déjà en crise depuis des mois au Japon.
L’activité touristique dans le pays a commencé à souffrir dès l’été dernier de tensions historiques ravivées entre Tokyo et Séoul, qui ont entraîné un boycott massif du Japon par les touristes sud-coréens, le deuxième plus gros contingent de visiteurs étrangers au Japon après les Chinois.
Avec l’explosion de l’épidémie de nouveau coronavirus cette année, le Japon se retrouve à la fois privé de touristes de Corée du Sud et de Chine continentale, qui représentaient à eux seuls près de la moitié des 31,9 millions de visiteurs étrangers dans le pays en 2019.
Cependant l’importance du tourisme pour l’économie japonaise, par ailleurs très diversifiée et industrialisée, est encore faible: ainsi les dépenses des touristes étrangers pesaient à peine 0,9% du PIB du Japon en 2018, selon le cabinet d’études économiques CEIC.
La consommation des ménages au Japon est aussi en berne depuis octobre dernier, pénalisée par une hausse de la TVA dans le pays.
Les économistes de Nomura ont prédit une contraction de 0,7% du PIB du Japon cette année, qui pourrait même atteindre 1,5% si les JO de Tokyo passaient en outre à la trappe.
Car l’annulation des JO devrait aussi « affecter la confiance des consommateurs japonais », en plus de priver le pays de 240 milliards de yens (2 milliards d’euros) de recettes liées aux spectateurs étrangers, estime Takashi Miwa, économiste de Nomura interrogé par l’AFP.
Tokyo-2020 ne divulgue pas son estimation de visiteurs étrangers censés venir spécialement pour les Jeux cet été, se contentant de rappeler que 4,5 millions de billets ont déjà été écoulés au Japon et qu’environ 7,8 millions de billets doivent être attribués au total, dont 20% à 30% pour l’international.
Le ministère nippon du Tourisme avait tablé en 2018 sur 600.000 spectateurs étrangers pour les Jeux de Tokyo.
Se basant sur un scénario plus modeste de 300.000 visiteurs étrangers pour les Jeux, les économistes de SMBC Nikko Securities ont quant à eux tablé sur un impact négatif de 1,4 point de pourcentage sur le PIB japonais en cas d’épidémie prolongée jusqu’en juillet et de JO annulés.
Dans le cas de figure où l’épidémie serait stoppée en avril, permettant aux JO de se tenir comme prévu, l’effet négatif sur le PIB nippon serait limité à 0,9 point de pourcentage, toujours selon SMBC Nikko.
Avec AFP