Syndicalisme aux abois !
À l’entame du nouveau round de dialogue social, certains syndicats commencent déjà à brandir des menaces. El Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT, anticipe les réunions avec le chef de l’Exécutif en déclarant que s’il n’y a pas d’augmentation de salaire, «le syndicat appellera à des manifestations et des marches qui feront trembler le sol sous les pieds du gouvernement»! Ce discours d’un autre âge n’aide en rien à créer un climat de confiance à même de rapprocher les visions des deux parties. On le sait, c’est un langage s’adressant davantage aux foules qu’au gouvernement, mais de là à prôner une communication mensongère, populiste de surcroît, il n’y a qu’un pas. Faut-il rappeler au syndicaliste en chef que sa centrale, comme les autres, agonisent et qu’ils étaient à court de troupes pour défiler un certain 1er mai 2017?
Le mouvement syndicaliste au Maroc est (presque) mort, et ce sont ses dirigeants qui l’ont tué. Vieux, scientifiquement limités, dépassés par les revendications de la «New Generation», les dirigeants syndicalistes gagneraient à passer le flambeau à une nouvelle élite syndicaliste qui adopte un discours à la hauteur des salariés du 21e siècle, réaliste et réalisable surtout.
Franchement, demander au gouvernement une augmentation générale des salaires, dans une conjoncture très tendue, relève d’un manque flagrant de pragmatisme politique. Au lieu d’aller droit vers la confrontation -vouée à l’échec- il faudrait plutôt se placer en bon négociateur qui saura toujours en tirer quelque chose. Mais chez nous, à défaut de maîtriser le débat, on choisit de hurler!