Pratiques mafieuses
Les milliards de la subvention ne profitent pas forcément aux pauvres, ils atterrissent souvent dans les grosses poches. Même le ministre des Affaires générales le reconnaît ! Dans notre «enquête exclusive» dont la première partie a été publiée hier et dont la suite se trouve dans ce numéro, «Les Inspirations ÉCO» investit les arcanes de la subvention de la farine des pauvres.
Le constat est plus qu’accablant, c’est déprimant même. Circuit parallèle, détournement de la farine subventionnée, accointance des intermédiaires, mutisme suspicieux de l’ONICL, l’office en charge de la régulation de ce créneau, procès à verdicts allégés, constats de la Cour des comptes ignorés, etc. Ce marché de plus d’un milliard de DH, pour 6,5 millions de quintaux, est la convoitise de minotiers, de distributeurs et d’intermédiaires. Le prix du produit final à livrer aux consommateurs démunis étant deux fois inférieur au prix réel du marché, il fait donc l’objet de tous les dépassements en dépit des warnings répétitifs de la Cour des comptes (rapports de 2008, 2013 et 2014).
Le plus intriguant dans l’histoire, c’est le sentiment d’impuissance du ministre de tutelle qui ne trouve aucune gêne à exprimer l’incapacité du gouvernement à cerner ces mafias et demande aux citoyens d’être vigilants et de porter plainte le cas échéant ! Par ailleurs, l’opacité et l’indisposition des services publics à coopérer avec les auteurs de cette enquête laissent pantois. Pourtant, cette enquête a un seul objectif : mettre à nu ces circuits et éveiller ces mêmes services sur l’impact destructeur, sur l’économie, causé par ces milieux occultes. Devant ces pratiques mafieuses, les trois derniers gouvernements n’ont pu que réduire les quantités qui ciblent les nécessiteux au lieu de renforcer le contrôle, démanteler les circuits parallèles et de sévir par de lourdes sanctions. Pitoyable !