Politique pharmaceutique: entre défis et opportunités
C’est un bien lourd chantier que celui qui attend notre ministère de la Santé, pour concocter la nouvelle mouture de la politique pharmaceutique nationale. La démarche entreprise pour ce faire, consistant à élaborer cette feuille de route de manière concertée avec toutes les parties prenantes, est plus que louable. Néanmoins, au vu de ce qui reste de l’année et du mandat gouvernemental, arrivera-t-on à boucler une mouture parfaite qui fasse, en même temps, consensus ? C’est là tout le défi qui attend Khalid Aït Taleb, parallèlement aux autres challenges non moins «palpitants» que sont la généralisation de la couverture sociale, l’accélération de l’activation de l’assurance maladie obligatoire ou encore le décollage de la nouvelle stratégie nationale de la santé…
Maintenant, ce qui est certain, c’est que la politique pharmaceutique nationale 2021-2025 et les efforts déployés pour la mettre sur pied seront vains si les grandes aberrations marquant ce secteur ne sont pas corrigées par ce nouveau cadre de référence.
À commencer par le cantonnement de certains laboratoires au rôle d’importateur-distributeur, ou encore le potentiel inexploité du segment du médicament générique. Et les exemples ne manquent pas ! Fort heureusement, la dynamique de généralisation de la protection sociale imposera nombre de correctifs urgents et cruciaux à notre système de santé. Elle permettra aussi de réduire à néant des diktats vieux de plusieurs décennies. Au final, la grande priorité sera d’abord celle de la disponibilité et l’accessibilité du médicament et des soins pour le citoyen, sans oublier bien entendu l’importance de faire décoller le «Made in Morocco», d’accompagner l’essor de la recherche biomédicale, d’assurer la bonne gouvernance et la concurrence loyale dans le secteur pharmaceutique… Notre pays a réussi à tenir le coup sous la tempête de la Covid-19, mais ce stress-test était suffisamment intense pour nous montrer nos lacunes et alerter sur nos défaillances. Celles-ci devront être urgemment corrigées dans la politique pharmaceutique nationale du prochain quinquennat.
Meriem Allam / Les Inspirations Éco