Menace sur l’emploi
On connaît désormais l’ampleur de l’économie informelle qui gangrène le pays. Dans une étude, des plus sérieuses, commanditée par le patronat auprès du cabinet Rolland Berger, qui prend en référence l’année 2014, l’on apprend que l’informel représente un manque à gagner annuel de pas moins de 40 MMDH pour l’économie nationale. Pire, son poids y est prépondérant : 20% du PIB (hors secteur primaire) et 10% des importations formelles, soit, respectivement, 814 MMDH et 419 MMDH en 2014. Il ne fait pas de doute que cette économie parallèle sévit particulièrement dans le secteur «commerce et réparation». Elle y représente 54 MMDH.
L’activité du BTP n’échappe pas non plus à l’informel. Bien au contraire, la pratique du «noir» y est légion puisqu’elle représente 22 MMDH. Pire, elle menace les emplois. Et pour cause, 41% des actifs occupés, tous secteurs d’activité confondus (hors secteur primaire), sont dans l’informel. C’est dire que l’économie parallèle recèle un gisement important.
Ce sont des recettes fiscales en plus que le pays peut engranger, soit 34 MMDH entre droits de douane, TVA et IS, et 6 milliards pour les cotisations sociales. Or le non-paiement des impôts et charges engendre un gap de compétitivité/prix important, compris entre 25 et 40 points. Il est donc plus que temps d’agir, via l’allégement de la fiscalité sur le travail et les outils de production, la simplification de la TVA et l’augmentation des droits de douane sur les importations de produits finis.
L’instauration d’un cadre réglementaire et incitatif est aussi primordial. On pourrait ainsi s’inspirer de l’exemple de pays comme le Chili et la Turquie qui, grâce à la simplification, notamment de leur régime fiscal, sont parvenus à réduire, en 10 ans à peine, le poids de l’informel, de 10% pour le Chili et de 20% pour la Turquie. Nous savons maintenant ce qu’il nous reste à faire !
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO