Le tribut d’un «colmatage économique»
Coutume à la peau dure ! Depuis plusieurs semaines déjà, les syndicats annoncent avec tambour et trompette leur volonté de pousser vers une révision à la hausse des salaires. Une première tranche a déjà été servie, depuis quelques mois, conformément aux engagements pris dans le cadre de l’accord tripartite, et la seconde est attendue dans les prochains mois. Que faire de plus, en attendant ? Un petit aménagement qui générerait une hausse, ou du moins donnerait l’impression d’en être une, ne serait pas de refus, c’est un fait.
Les syndicats souhaiteraient voir le gouvernement concéder un petit effort sur la TVA et la TIC. Mais, comme nous le disions dans cette même colonne très récemment, encore faut-il que le scénario se tienne économiquement. Et aujourd’hui, des pistes de réflexion fort édifiantes nous viennent d’un rapport publié mardi par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Le document zoome sur la situation des salaires et de la fiscalité sur le travail au sein des pays de l’Union Européenne. Généralement jugés pour être plus en avance en la matière, et plus résilients aussi, plusieurs de ces pays sont pourtant à la peine en ce qui concerne l’adéquation revenu-impôt-niveau de vie.
Parmi les principaux constats, en effet, celui concernant la montée des impôts sur le travail, en 2022, du fait de la hausse des salaires nominaux, qui a fait basculer les salariés dans des tranches d’imposition supérieures et a restreint leur admissibilité aux crédits d’impôt et aux prestations en espèces.
Autre point, parmi tant d’autres, dans les systèmes fiscaux et sociaux non ajustés avec les effets de l’inflation, les ménages à faible revenu avec enfants sont les plus vulnérables aux effets d’une hausse des taux d’imposition effectifs qui leur sont applicables. C’est dire que, pour de telles mesures, l’enjeu réel à mesurer est celui de l’impact à terme, le tribut d’un «colmatage économique à des fins de paix sociale» pouvant être plus lourd que le mal à la source.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO