Iconoclaste…

En lisant la biographie de Miloud Chaâbi après sa mort, un homme dont je ne connaissais que le peu de choses véhiculées par sa notoriété publique, j’ai été frappé par le chemin parcouru en 70 ans par cet homme téméraire, que rien ne présageait à un tel destin.
Né dans une famille modeste, dans une ville loin de l’axe du pouvoir et des affaires, n’ayant fréquenté aucune grande école qui formait aux codes du business, n’ayant jamais flirté avec les cercles du pouvoir, cet homme valeureux a su quand même se frayer un chemin, certes plein d’embûches, mais jalonné de succès et de réussites. Peut-on dans ce cas précis ne parler que de chance ? Certainement pas !
Cet homme incarne à lui seul la persévérance, l’abnégation et surtout le modèle nécessaire et indispensable à toute une génération dépitée, défavorisée, manquant de l’essentiel et surtout de repères ! Miloud Chaâbi a réussi, en plus, le pari difficile, de construire une chaine d’hôtels respectant ses convictions religieuses, sans une goutte d’alcool, dans des villes très touristiques, allant carrément contre le modèle existant, aidé il est vrai par une niche conservatrice de plus en plus présente dans la société marocaine.
Il a réussi en plus à créer une chaîne de magasins de grande consommation où on fermait les vendredis, alors que les us occidentalisés en la matière imposaient les fermetures le week-end ! Ces modes de fonctionnement le faisaient passer pour un «beldi» dans les milieux des cols blancs, mais peu importe, le succès de l’homme d’affaires particulier était au bout, ce qui nous sort des clichés traditionnels des hommes à succès et donne de l’espoir à ces milliers de jeunes avides de jours meilleurs et parfois limités par leurs croyances et valeurs, sans parler de l’identité dont la crise est de plus en plus manifeste dans notre jeunesse. Repose en paix Lhaj Miloud, tu serviras certainement de modèle !
Iconoclaste un jour, iconoclaste toujours…
Oussama Benabdallah,
Enfant de la télé
o.benabdellah@leseco.ma