Iconoclaste…

La qualification précoce des Lions de l’Atlas à la CAN 2017 a encore, une fois n’est pas coutume, déchaîné les passions. Entre ceux devenus euphoriques, et ceux restés trop sceptiques, la vérité se trouve certainement quelque part entre les deux, et cette part dépend forcément de là où on veut bien se placer.
Si on se met dans la posture d’un Maroc dominateur des années 70, on va trouver ridicule d’être aussi heureux de battre le Cap Vert. Bien que, et avouons le, ce Maroc dominateur avec lequel on nous rabâche les oreilles, n’a gagné que 1976 après avoir été absent en 70 et 74, et ridicule en 72 et 78.
Et si on est plus équilibré et qu’on se place dans la peau vraie du Marocain qui est frustré depuis au moins 2004, de n’avoir jamais pu dépasser le 1er tour d’une CAN, et qui se trouve aujourd’hui à 60 rangs de l’adversaire du jour, la joie des joueurs mardi, même avec excès, est légitime et surtout honnête, car elle acte une sortie certaine du tunnel, et présage des lendemains meilleurs.
Au niveau du jeu, l’apparition de nouvelles individualités, à la technique très respectable et supérieure à ce qu’on a vu jusqu’à présent, est manifeste. Maintenant, pour que tout cela se décline en projet collectif huilé, il faudrait du temps, car le collectif ne devient performant que par l’automatisation, et l’automatisation n’est possible que par la répétition, et cette dernière requiert du temps.
Donc laissons le temps au temps comme se plaisait à dire Michel Rocard, et prenons ce plaisir qu’il y a à prendre, en cueillant cette première fleur qu’est cette qualification acquise avant les deux matchs restants, qui serviraient d’ailleurs à cette confection du projet collectif. Nous sommes sortis de la réanimation, ne brusquons pas le malade, et laissons le reprendre sereinement !
Iconoclaste un jour, iconoclaste toujours…
Oussama Benabdallah,
Enfant de la télé
o.benabdellah@leseco.ma