Iconoclaste…

Demain au Cap Vert, une petite île de l’Afrique de l’Ouest, l’équipe nationale de football joue son avenir immédiat en Coupe d’Afrique des Nations, une compétition qu’on aimerait bien retrouver, qui nous a souvent snobés, et qu’on a refusé d’organiser en 2015. Ce match, qui dans d’autres circonstances aurait pu paraître quelconque, revêt, cette fois-ci, un caractère décisif à plus d’un égard :
1- C’est le 1er grand test sérieux de l’équipe fédérale de Fouzi Lekjaâ; en effet, malgré les camouflets suivis des équipes nationales olympique et locale, l’influence populaire et médiatique des résultats de l’équipe A reste nettement plus grande.
2- Et dans le même ordre d’idée, le risque énormissime pris par Lekjaâ et consorts de changer de sélectionneur à un mois de ce match crucial rend celui-ci plus stressant, et donnerait plus de légitimité ou non à toutes les actions fédérales à venir.
3- En cas de succès de l’équipe nationale, ce qu’on souhaiterait du fond cœur, ce match servirait même à atténuer un peu le désarroi profond dans lequel s’est plongé le football marocain après les incidents du samedi noir.
4- D’un point de vue strictement technique, et après la débâcle des Locaux au Rwanda, et vu que cette équipe nationale se compose pratiquement de joueurs de la diaspora marocaine en Europe, ce match trancherait, dans un sens comme dans un autre, le débat chronique «joueurs pro versus joueurs locaux» qui envenime le champs footballistique marocain depuis pratiquement deux décennies.
Ce qui atténue un petit peu l’importance absolue de ce match, c’est que la revanche est programmée 3 jours plus tard à Marrakech, mais comment pourrait-on jouer aisément devant un public forcément plus exigent, car plus assoiffé de victoires, si on n’a pas auparavant réussi un résultat convenable à Praya ?
Enfin, ce match est venu à point nommé pour nous faire oublier, un tant soit peu, nos démêlées avec le SG de l’ONU, l’horreur du samedi noir et le terrorisme qui frappe fort en Europe à quelques kilomètres en dessus de nos têtes. Ne disions-nous pas que le football pourrait être l’échappatoire du peuple ? Pourvu que ce soit le cas pour ce week-end ! Mais que victoire advienne !
Iconoclaste un jour, iconoclaste toujours…
Oussama Benabdallah,
Enfant de la télé
o.benabdellah@leseco.ma