Hommage au Haj !
Une figure emblématique de l’industrie marocaine nous a quittés. Haj Miloud Chaabi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un cas d’école. Self made man, militant, généreux et modeste. On le connaît par sa franchise dérangeante et son indépendance indéfectible, des qualités rares dans un monde du business tiraillé entre intérêts économiques et infiltrations politiques. Il était l’un des rares hommes d’affaires, sinon le seul avec Karim Tazi, à avoir ouvertement soutenu le mouvement du 20 février et réclamé haut et fort des réformes politiques. Des positions qui ont coûté très cher à son business mais qu’il a toujours assumées en refusant dans les moments les plus difficiles la soumission. Le défunt était aussi un homme de cœur. Il suffit de faire un sondage à Essaouira, sa région natale, ou encore à Kénitra, la ville où il a connu son ascension, pour se rendre compte de l’élan de sa popularité. Ses actes de bienfaisance ne se comptaient plus et pourtant il refusait toujours de les médiatiser. Je me souviens, un jour, lui avoir suggéré de créer une Fondation dédiée à ce genre d’actions et de communiquer sur ses activités pour donner envie à d’autres d’en faire de même, sa réponse était sans appel. «Je n’aime pas compter ni m’afficher quand je fais du bien, peut-être un jour mes enfants le feront-ils». Il croyait aussi, beaucoup, en l’indépendance des médias et il aidait comme il pouvait des supports en difficulté. Un homme qui forçait l’admiration des adversaires avant les amis et qui ne reculait devant rien. Les cercles fermés du monde du business et des sphères politiques en savent quelque chose. Adieu le Haj, repose en paix !
